RÉOVIRUS
Le genre Réovirus est classé dans la famille des Reoviridae avec les genres Orbivirus (dont l'espèce type est le virus de la fièvre à tique du Colorado) et Rotavirus (récemment reconnu comme responsable de gastro-entérites). Cette dénomination reprend les initiales de respiratory enteric orphan, expression soulignant l'origine respiratoire et intestinale des réovirus isolés chez l'homme et aussi le fait qu'il s'agit de virus « orphelins » en ce sens qu'ils n'ont pu être reliés de façon certaine à aucune maladie clinique bien définie.
Considérés à l'origine comme Échovirus type 10, les réovirus ont été classés à part lorsque leurs caractères et leurs propriétés ont été mieux connus. Ils contiennent un acide ribonucléique (ARN) à double chaîne, d'un poids moléculaire de 15 Œ 106 daltons, segmenté en dix fragments, chacun d'entre eux correspondant à un gène. La particule virale a un diamètre de 75 nanomètres, est de la forme d'un icosaèdre et ne possède pas d'enveloppe. Sa capside est composée de quatre-vingt-douze capsomères ; elle est doublée d'une assise protéique interne, également icosaédrale. La densité de la particule infectieuse a été estimée à 1,37 g/cm3. Le pouvoir infectieux des réovirus n'est pas détruit par l'éther et résiste assez bien à la chaleur (60 mn à 56 0C). La multiplication des réovirus se produit dans le cytoplasme des cellules infectées.
Trois sérotypes sont connus, dénommés respectivement réovirus 1, 2 et 3, qui ont en commun un antigène fixant le complément mais peuvent être distingués par inhibition de l'hémagglutination et par séro-neutralisation. Les souches retenues comme prototype sont la souche Long (type 1), la souche D5 (type 2) et la souche Abney (type 3).
Sur le plan épidémiologique, l'infection humaine à réovirus est très répandue et survient dès le plus jeune âge : on décèle les anticorps correspondants chez plus de la moitié des êtres humains avant qu'ils aient atteint l'âge adulte. L'homme n'est pas le seul hôte de ces virus et la plupart des espèces animales, sauvages et domestiques, peuvent également être infectées, comme le démontre la détection des anticorps ou l'isolement de réovirus animaux, ces derniers ne pouvant pas être différenciés des réovirus humains. C'est ainsi que, parmi les virus isolés chez le singe, le SV 12 est un réovirus type 1 et le SV 59, un réovirus type 2.
La dissémination du virus se fait vraisemblablement par voie fécale ; en effet, les sujets infectés éliminent des quantités considérables de virus dans leurs selles, pendant des périodes assez longues, atteignant plusieurs semaines.
On a pu considérer les réovirus comme responsables d'une grande variété de maladies humaines, respiratoires, digestives, neurologiques ou hépatiques, en raison de l'isolement du virus chez des malades atteints de tels syndromes. En réalité, aucune preuve convaincante n'a pu être établie qui puisse, avec certitude, en faire les agents étiologiques. De même, l'isolement d'un réovirus à partir de la tumeur de Burkitt a fait penser qu'il pouvait jouer un rôle dans sa genèse : cette idée n'a pas été retenue. Chez les animaux, l'observation marquante — si ce n'est la seule — est l'hépatoencéphalomyélite, avec stéatorrhée, obtenue chez le souriceau nouveau-né inoculé avec des réovirus.
En 1998 a été mise en évidence la fonction oncolytique du réovirus de mammifères, les études réalisées sur le modèle murin montrant la régression de tumeurs sous l'action de la réplication virale dans les cellules infectées. Les travaux se poursuivent.
En vue de l'identification au laboratoire, l'isolement des réovirus se fait à partir des selles ou de prélèvements pharyngés, en particulier[...]
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Écrit par
- Michel BARME : docteur en médecine, ancien secrétaire de l'Institut Pasteur
Classification
Autres références
-
VIROLOGIE
- Écrit par Sophie ALAIN , Michel BARME , François DENIS et Léon HIRTH
- 10 458 mots
- 8 médias
...de ces virus à ARN simple brin, il existe des virus dont l'information génétique est répartie entre plusieurs morceaux d'ARN bicaténaires : ce sont les réovirus que l'on trouve essentiellement chez les animaux, mais qui existent également chez les virus des plantes et peut-être aussi chez les virus des...