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REPRÉSENTANTS DU PEUPLE EN MISSION

Dans le gouvernement révolutionnaire de la France dont le centre d'impulsion est la Convention, les représentants en mission jouent un rôle déterminant. Recrutés parmi les conventionnels eux-mêmes, ils sont chargés de faire appliquer les décrets votés par l'Assemblée. Leurs pouvoirs sont presque illimités. En mai 1793, le Comité de salut public leur écrit : « Tout est soumis à votre pouvoir. Tous les fonctionnaires civils et militaires vous doivent compte de leur conduite et sont soumis à votre surveillance. Vous avez le pouvoir de suspendre provisoirement tous les agents lorsque vous jugerez qu'ils n'ont pas rempli leur devoir ou qu'ils ne méritent pas la confiance publique. » Il y avait eu des précédents sous la Constituante et la Législative. Le Conseil exécutif provisoire et la Commune de Paris, en septembre 1792, avaient également envoyé des représentants en mission dans les départements. Mais l'emploi de ces agents de liaison a été généralisé par la Convention pour maintenir le contact avec le front ou avec les autorités locales. Une correspondance régulière était prévue avec le Comité de salut public dont le Conseil exécutif provisoire ne pouvait toutefois annuler les décisions. L'action des représentants en mission diffère selon qu'ils ont été envoyés aux frontières ou à l'intérieur. Les représentants en mission auprès des armées de la République ont eu fréquemment un rôle déterminant dans les victoires militaires : Carnot chargeant à Wattignies, Saint-Just rétablissant la discipline en Alsace. À l'intérieur, certains se déconsidèrent par leurs sanglants excès : Carrier à Nantes, Lebon dans le Nord (il eut toutefois l'excuse de la proximité de l'ennemi), Fouché à Lyon, Laplanche à Orléans, Lequinio à Rochefort, Barras et Fréron en Provence. La plupart sont rappelés par le Comité de salut public, peu avant Thermidor, en raison de leurs abus. Après la chute de Robespierre, d'autres représentants ont été envoyés dans les départements pour épurer les administrations locales. Mais, trop liée au gouvernement révolutionnaire, l'institution commence à faire l'objet de vives critiques. « Avec les pouvoirs dont ils sont revêtus, les représentants continuent à entraver la marche du gouvernement et à détruire son unité », s'exclame Thibaudeau en avril 1795. Les représentants disparaissent avec la Convention.

— Jean TULARD

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  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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