REPTILES
Crâne et mâchoires, régime alimentaire
La profonde variabilité structurale des Reptiles s'exprime nettement au niveau de l'anatomie du crâne ; il suffit de comparer un squelette de Tortue et celui d'un Serpent pour en être persuadé.
Nous donnerons ici, à titre d'exemple, la structure du crâne d'un Saurien. Les traits caractéristiques essentiels sont : sa hauteur relativement grande (plus que chez les Amphibiens) ; son importante fenestration ; la forme allongée (en baguette) de la plupart des os (parasphénoïde, épiptérygoïde, etc.) ; la présence d'un seul condyle occipital ; enfin, une mandibule composée de nombreux os, le plus important étant le dentaire. Ce dernier porte, avec les maxillaires et prémaxillaires, des dents pointues en avant et arrondies postérieurement.
La fenestration de la région temporale permet de diviser l'ensemble de la classe en cinq groupes différents.
Comme chez les Amphibiens, l'oreille moyenne ne comprend qu'un seul os, la columelle, vestige de l'hyomandibulaire ichthyen.
L'étude de la préhension des aliments fait apparaître, sans vouloir lier à tout prix et contre toute évidence anatomie et comportement, divers exemples d'une bonne adaptation de l'organe à la fonction. La plupart des Squamates possèdent un cinétisme crânien, qui se manifeste par l'intermédiaire de deux processus différents : d'une part, la mobilité propre du carré (streptostylie) par rapport à la boîte crânienne, dorsalement, et à la mâchoire inférieure, ventralement ; d'autre part, la mobilité (peu importante, il est vrai) de la portion antérieure du dermocrâne par rapport à la portion postorbitaire. Pendant longtemps, on pensa que ce double dispositif permettait à l'animal d'attraper et d'avaler de plus grosses proies. Avec Carl Gans, on penche maintenant pour une autre interprétation : la plupart des proies sont attrapées et ingérées passivement (inertial feeding), par de simples mouvements verticaux au cours desquels la mâchoire inférieure s'abaisse, puis la mâchoire supérieure se relève, mécanisme très commun chez les Squamates où il est grandement facilité par le cinétisme crânien. Chez les Caméléons, la prise de nourriture par projection de la langue est « active » ; il n'y a pas de cinétisme crânien et celui-ci semble donc étroitement lié à une certaine façon de se nourrir.
C'est surtout chez les Ophidiens que l'on trouve une structure anatomique parfaitement adaptée à une grande ouverture buccale. D'une part, le carré est une baguette allongée qui s'articule très en arrière du neurocrâne ; la rotation du carré autour de son articulation éloigne très nettement la mandibule de la mâchoire supérieure. D'autre part, un muscle puissant (le depressor mandibulae), tendu entre la région temporale et l'extrémité postérieure de la mandibule, contribue à abaisser encore plus ventralement cette dernière. De ce fait, les Serpents sont capables d'avaler des proies énormes : dans l'estomac d'un python de cinq mètres, on a trouvé un léopard (préalablement étouffé).
Les Crocodiles attrapent leurs proies à terre ou dans l'eau. Avant de les déchiqueter, ils les noient. Dans ces conditions, la cavité buccale est pleine d'eau. Cela serait impossible chez un Lézard, par exemple, car l'eau, pénétrant par ses narines internes (choanes), arriverait jusqu'à l'appareil respiratoire. Chez les Crocodiliens, les choanes sont repoussés en arrière de la cavité buccale grâce à la présence d'un palais secondaire. Ainsi, toute la vaste cavité buccale est pratiquement isolée de l'appareil respiratoire. Pourtant, l'eau pourrait quand même pénétrer dans ce dernier si une valvule de la peau du palais ne venait obstruer et les choanes et l'ouverture de la glotte. Dans ces[...]
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Écrit par
- Pierre CLAIRAMBAULT : professeur
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