RÉPUBLICAINS (1789-1870)
Le nom de républicains a été donné aux partisans de la république, avec une signification différente selon les pays et selon les époques. En France, sous la Révolution et la Ire République, le terme de « patriote » est davantage utilisé. Bien que la République ait continué nominalement à exister sous le Consulat, on peut considérer comme républicains, au lendemain du coup d'État du 18-Brumaire, tous ceux qui vont freiner l'évolution du régime napoléonien vers l'Empire. Toutefois les conspirations royalistes prolongent l'ambiguïté sur le caractère « républicain » de Napoléon. Ce n'est qu'en 1808, à Paris, qu'est organisé un premier complot républicain contre l'Empereur avec un ancien jacobin, Demaillot, d'anciens conventionnels, Florent Guiot et Ricord, un général en disponibilité, Malet. Le préfet de police Dubois découvre la conspiration mais Fouché — sans doute au courant — persuade Napoléon d'étouffer l'affaire. Or le général Malet, interné dans une maison de santé où se trouvent aussi des royalistes, monte avec eux une nouvelle conspiration ; il s'évade dans la nuit du 22 au 23 octobre 1812 et fait croire que Napoléon est mort devant Moscou mais, démasqué, il est arrêté le 23 et fusillé le 29. Les républicains apportent le plus souvent leur aide à Napoléon pendant les Cent-Jours, aussi sont-ils persécutés au début de la seconde Restauration. Plusieurs sont massacrés dans le midi de la France ou condamnés par les cours prévôtales, tels les deux frères Faucher à Bordeaux. Confondus dans une répression commune, républicains et bonapartistes sont unis dans une même lutte contre la Restauration, au sein de sociétés secrètes comme celle des Carbonari. La réhabilitation de l'action nationale de la Ire République par des libéraux (par exemple l'Histoire de la Révolution française écrite par Thiers entre 1823 et 1827) contribue à développer les sentiments républicains chez les étudiants. Alliés à l'opposition libérale dans la lutte contre le gouvernement de Polignac, les jeunes républicains (descendants parfois des révolutionnaires de 1793, comme Blanqui, Carnot, Godefroy Cavaignac dont les pères étaient des conventionnels) provoquent la chute de Charles X. Après la révolution de Juillet, les déceptions, provoquées par l'évolution conservatrice du gouvernement de Louis-Philippe, rallient à l'idée républicaine la partie la plus avancée des libéraux avec Armand Carrel et le journal Le National. Mais les républicains, après 1830, s'identifient de plus en plus aux démocrates et revendiquent désormais le suffrage universel en y voyant un moyen d'émancipation populaire et de mutation de la société. Ils s'organisent en associations, peu à peu transformées en sociétés secrètes (Société des amis du peuple présidée par Raspail, Société des droits de l'homme) ; ils développent leurs idées dans des journaux (La Tribune des départements en 1832, Le Populaire en 1833, La Réforme en 1843) et au cours des procès qui leur sont intentés (avril 1834). La lutte armée contre la monarchie de Juillet échoue cependant et révèle leur faiblesse numérique (émeute du 5 juin 1832 à Paris à l'occasion des funérailles du général Lamarque ; émeute de Lyon du 9 au 12 avril 1834 ; émeute du 12 mai 1839 à Paris sous l'impulsion de Barbès et de Blanqui). Profitant de la désapprobation provoquée par l'attentat de Fïeschi en 1835, le gouvernement fait passer les lois de septembre, réprimant l'expression même des idées républicaines. Les républicains prennent alors le nom de « radicaux » ; leur opposition prend un aspect plus légal, quelques-uns siègent à la Chambre des députés comme le savant Arago, Garnier-Pagès, puis Ledru-Rollin. Ils participent à la Campagne des banquets à laquelle ils donnent à la fin de 1847 un caractère[...]
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Écrit par
- André Jean TUDESQ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux
Classification
Média
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