IRLANDE RÉPUBLIQUE D' (EIRE)
Nom officiel | Irlande (IE) |
Chef de l'État | Michael D. Higgins (depuis le 11 novembre 2011) |
Chef du gouvernement | Simon Harris (depuis le 9 avril 2024) |
Capitale | Dublin |
Langues officielles | Anglais, irlandais |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
5 304 000 (2024) |
Superficie |
71 118 km²
|
De la guerre d'indépendance au Marché commun
« Les quatre années glorieuses »
Entre le 3 et le 12 mai 1916, quinze des principaux chefs de l' insurrection de Pâques – dont Padraic Pearse, le poète, et James Connolly, le syndicaliste – sont passés par les armes. Près de deux mille suspects sont internés en Angleterre et au Pays de Galles. Les excès de la répression retournent une population qui avait, sur le moment, condamné cette aventure insensée : de fous et de criminels, les rebelles deviennent des héros et des martyrs. Alors qu'il est urgent de dégager une solution, le tortueux Lloyd George négocie un marché de dupes avec Redmond et Carson, et ignore superbement les recommandations de la Convention irlandaise pourtant réunie à sa demande en 1917. Résultat : le Sinn Fein, qui revendique un peu malgré lui la paternité de l'insurrection de Pâques, enlève coup sur coup trois élections partielles. Le 10 juillet 1917, notamment, Eamon De Valera est triomphalement élu dans le comté de Clare : dernier commandant de la rébellion de Pâques à avoir déposé les armes, condamné à mort, gracié et récemment amnistié, il personnifie l'intransigeance héroïque des insurgés. La fraction nationaliste la plus avancée le porte d'un même élan à la présidence du Sinn Fein et à celle des Volontaires Irlandais qu'un stratège de vingt-huit ans, Michael Collins, s'emploie à transformer en une véritable armée de guérilla. Dans ce climat prérévolutionnaire, l'extension de la conscription à l'Irlande, décidée à Westminster le 16 avril 1918, relève de la provocation. En dehors de l'Ulster orangiste, c'est le tollé général : du Parti nationaliste au Sinn Fein en passant par l'Église, les syndicats et les corps constitués, l'opposition fait bloc. Pour briser cette résistance imprévue, Lloyd George expédie en Irlande le maréchal French qui prétexte un fumeux « complot allemand » pour arrêter et déporter une centaine de cadres du Sinn Fein et des Volontaires. Cette campagne d'intimidation ne sert qu'à conforter la position du Sinn Fein. Le fondateur du mouvement, Arthur Griffith, pourtant emprisonné, est élu triomphalement le 21 juin 1918 à une élection partielle. La fin de la guerre met un terme à la crise de la conscription, mais pas à la montée du séparatisme. L'élargissement du suffrage qui fait passer l'électorat irlandais de 701 475 à 1 936 673 votants est un signe annonciateur de profonds changements. De fait, les élections générales de décembre 1918 traduisent un complet bouleversement de la situation : sur les cent cinq sièges irlandais à pourvoir, le Sinn Fein en enlève soixante-treize. De Valera, Arthur Griffith, Michael Collins sont élus, le Parti nationaliste est laminé. Seul l'Ulster orangiste, avec ses vingt-trois députés unionistes, résiste au raz de marée. Fidèles à leur programme abstentionniste, les députés sinn feiners boycottent Westminster et s'érigent, le 21 janvier 1919, en Assemblée d'Irlande, ou Dail Eireann. Ils élisent De Valera président et proclament l'indépendance de l'île, tandis que dans les chemins creux du Tipperary claquent les premiers coups de feu de la guerre d'indépendance anglo-irlandaise, véritable guerre de libération nationale qui annonce et préfigure les affres de la décolonisation. Contre les embuscades de l'IRA et l'insubordination de la grande masse du peuple et des autorités locales qui ont prêté serment d'allégeance au Dail Eireann, les Anglais ont recours à la manière forte : le soin de « pacifier » l'île est confié à des unités militarisées de supplétifs recrutés parmi les vétérans de la guerre de 1914 – « Black and Tans » et « Auxiliaires » – qui font régner la terreur dans les villes et les campagnes. À Belfast et dans toute l'Irlande du Nord,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Brigitte DUMORTIER : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
IRLANDE RÉPUBLIQUE D' (EIRE), chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ACCORD DU VENDREDI SAINT
- Écrit par Christophe PÉRY
- 302 mots
Entre la partition de l'Irlande, en 1921, qui maintient six comtés du nord de l'Ulster au sein du Royaume-Uni, et la conclusion de l'accord de paix du 10 avril 1998, la province autonome d'Irlande du Nord a été le théâtre d'un des plus longs conflits qu'aura connus l'Europe...
-
AHERN BERTIE (1951- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Michael MARSH
- 499 mots
Homme politique irlandais né le 12 septembre 1951, à Dublin. Premier ministre de 1997 à 2008.
Après une formation chez les Saint Aidan's Christian Brothers, Bartholemew Ahern effectue ses études à l'école de commerce de Rathmines, à l'University College de Dublin et à la London School of Economics...
-
BICAMÉRISME ou BICAMÉRALISME
- Écrit par Raymond FERRETTI
- 5 328 mots
- 2 médias
...être élus par les organismes qu'ils représentent, ils peuvent aussi parfois être élus par la population elle-même sur des listes électorales spécialisées. Le Sénat irlandais par exemple compte ainsi, outre 11 membres désignés par le Premier ministre, 49 membres élus. Six sénateurs sont élus par les diplômés... -
COLLINS MICHAEL (1890-1922)
- Écrit par Roland MARX
- 398 mots
- 1 média
L'un des principaux artisans de l'indépendance irlandaise. Né en Irlande, installé à Londres comme employé entre 1906 et 1916, très tôt membre du Sinn Fein, il prend part à la rébellion de Pâques 1916 et le paie d'un court emprisonnement. L'exécution des principaux chefs du mouvement favorise...
- Afficher les 28 références