- 1. Du filet au réseau sanguin
- 2. Postes, routes et fortifications : à l'origine des réseaux nationaux
- 3. Les réseaux d'eau et d'assainissement, premiers réseaux urbains
- 4. La pensée saint-simonienne et les réseaux
- 5. La science des réseaux au XXe siècle : de l'électricité à l'informatique
- 6. Réseau et organisation
- 7. Réseau et connexions
- 8. Réseau et système
- 9. Réseaux et territoires
- 10. Bibliographie
RÉSEAUX, philosophie de l'organisation
La science des réseaux au XXe siècle : de l'électricité à l'informatique
Hors des domaines précités, champs historiques d'application du concept de plus en plus larges (par exemple, on passe aisément des réseaux de chemins de fer aux réseaux de tramways et aux réseaux d'autobus, des réseaux d'eau aux réseaux de gaz, d'éclairage public, d'air comprimé, de chauffage urbain, etc.), on peut citer des secteurs de connaissance plus particuliers où le concept du réseau s'est avéré ou s'avère utile. Dans certains cas, l'utilisation du mot réseau relève principalement de l'acception morphologique. Les réseaux de diffraction désignent des dispositifs comportant des lignes régulièrement espacées de façon à produire des effets de diffraction de la lumière ou d'ondes électromagnétiques. Les réseaux cristallins fournissent une typologie raisonnée de la disposition des ions ou des atomes à l'intérieur de certains corps cristallisés.
Dans d'autres cas, la définition combine l'agencement topologique et une notion de circulation. En général, on peut alors déceler une filiation du concept de réseau à partir de l'utilisation médicale et/ou de la représentation hydraulique. L'exemple le plus net est sans doute celui des réseaux électriques. La définition du réseau électrique est établie depuis la fin du xixe siècle. Elle repose sur l'identification d'éléments de base (résistance, inductance, capacitance), concrets ou abstraits, reliés entre eux par des conducteurs et répartis en plusieurs circuits. Cette définition s'est révélée très féconde en électricité. Combinée à des lois de conservation ou de déperdition, elle a donné naissance à une véritable théorie des réseaux qui a elle-même inspiré directement ou par analogie d'autres utilisateurs du concept de réseau dans le domaine des télécommunications, de la thermodynamique (échanges thermodynamiques en réseaux).
Enfin, depuis quelques décennies, la notion d' information réinvestit la vieille métaphore du réseau. C'est d'abord l'image du tissu, des mailles, du filet qui revient au-devant de la scène. Il s'agit bien de liens multiples entre les éléments, hommes ou machines. Mais la nature de ces liens et de la communication qu'ils peuvent établir est profondément différente de ce qui fondait jusque-là les utilisations du concept de réseau. Peu importe au fond la nature physique de ce qui est véhiculé ou communiqué. On s'attache seulement au transfert d'une entité totalement abstraite : l'information. L'avantage de l'information est de pouvoir être traitée en grande quantité et très rapidement par des machines (processeurs, ordinateurs, etc.), généralement en vue de l'action.
À partir de là, on imagine l'intérêt de penser en termes de réseaux à la mise en relation d'automates, de processeurs, d'ordinateurs et plus généralement d'individus et de machines perçus comme émetteurs, récepteurs et processeurs d'information.
Prenons l'exemple du téléphone. Comme on le sait, il ne date pas d'hier, mais de plus d'un siècle. Il a pu dans le passé être considéré comme réseau dans la mesure où il reliait physiquement les abonnés par des fils à un central. On pouvait même imaginer la voix modulée circulant grâce au courant électrique entre deux abonnés. Mais le paradigme informationnel nous invite à voir autrement le réseau. Peu importe désormais le courant électrique. D'ailleurs, la communication sera transportée, selon les cas, par des faisceaux hertziens, des liaisons radio-satellites, des fibres optiques. Peu importe la voix du locuteur. Elle est remplacée par un échantillonnage de bits d'information. Peu importe la liaison physique particulière établie via le central[...]
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Écrit par
- Gabriel DUPUY : ingénieur des Arts et manufactures, docteur d'état ès lettres et sciences humaines, professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris, université de Paris-XII, chef de département à l'École nationale des ponts et chaussées
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