RÉSISTANCE D'UN INSECTE À UN PESTICIDE DE MAÏS O.G.M.
La chrysomèle du maïs (Diabrotica virgifera virgifera) est un coléoptère dont les larves s'attaquent aux racines de la graminée et sont particulièrement destructrices. L'insecte est certainement originaire d'Amérique centrale (comme le maïs) et est endémique dans toutes les zones d'Amérique du Nord où la culture du maïs est intensive. La méthode traditionnelle de lutte contre la chrysomèle est la rotation pluriannuelle des cultures, qui prive la larve de son aliment, et l'utilisation d'insecticides. Devant l'efficacité déclinante de ces derniers, des maïs transgéniques (variétés Bt) dotés d’un gène sécrétant une toxine (Cry1 de plusieurs types) issue de Bacillus thuringiensis ont été produits par la firme Monsanto. Cette toxine se trouvait être active contre la plupart des insectes et en particulier contre la chrysomèle pour laquelle on ne lui connaissait pas de résistance naturelle.
En 2009, quinze ans après les premières cultures en champ, les plantations de maïs Bt représentaient la majorité des maïs cultivés en Amérique du Nord. L’efficacité des maïs modifiés contre les insectes a été immédiatement remarquable. Pourtant, à la même époque, les premiers indices d'une résistance en champ de la chrysomèle à la toxine Bt d’origine transgénique sont repérés en Iowa. En 2011, des chercheurs de cet État montrent que la résistance s'est développée et qu'elle est de nature génétique, dominante et donc non diluée lors du croisement de chrysomèles résistantes avec des non-résistantes.
La stratégie de lutte contre cette résistance consiste dans le maintien de zones refuges (20 p. 100 de la surface cultivée au Canada, par exemple) où le maïs non transgénique est cultivé, où les chrysomèles sensibles prolifèrent et s’hybrident avec des chrysomèles résistantes : les hybrides, s’ils sont sensibles à la toxine, disparaissent. Mais la stratégie perd son sens si la résistance est un facteur dominant chez l’hybride... La période d’usage de ce maïs transgénique pour une seule toxine (des plants disposant de deux toxines ou davantage ont été créés) aura ainsi duré environ quinze ans.
L'apparition de cette résistance était parfaitement prévisible, et quasi attendue. C'est une donnée constante de la biologie des insectes que la sélection de mutants résistants aux toxiques (biologiques comme chimiques). En ce qui concerne la toxine de Bacillus thuringiensis, il a donc fallu une décennie et demie pour que la chrysomèle du maïs devienne résistante, mais seulement deux ans pour le puceron du cotonnier. Force est de constater que ce phénomène relativise considérablement l’approche de la lutte contre les insectes par transgénèse.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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