RESPIRATION ARTIFICIELLE, Ricardo Piglia Fiche de lecture
Un roman philosophique foisonnant
Dans ce livre qui cultive volontiers le paradoxe et qui passe du roman épistolaire au dialogue rapporté, de la parodie au journal intime, de l'érudition littéraire à une réflexion, aux limites de l'essai, sur l'exil – cette « longue insomnie » –, sur la mémoire, l'utopie et l'écriture de l'histoire, les personnages s'interrogent constamment sur l'éventualité d'une coïncidence entre l'ordre du récit et celui de la vie, sur « l'étrange connexion entre les livres et la réalité ». Tardewski suggère qu'en 1910 Hitler et Kafka se seraient rencontrés dans un café littéraire qu'ils fréquentaient tous les deux à Prague. Dans ces conditions, les récits de Kafka ne sont-ils pas une mise en fiction précoce des théories du futur Führer ? Ce roman labyrinthique, frappé d'« avidité digressive », où les discours semblent devoir s'emboîter à l'infini, tente de jeter quelque lumière, tamisée par le spectre de la censure, sur ces « périodes obscures où les hommes semblent avoir besoin d'air artificiel pour pouvoir survivre ».
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude FELL : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification