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RESTAURATION (architecture)

La doctrine contemporaine

L'élimination de ce type d'erreur a été la tâche première des chercheurs contemporains. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les problèmes de la restauration architecturale sont devenus plus aigus dans tous les coins du Vieux Monde, de l'Europe à l'Asie et aux États africains, dans les pays d'ancienne civilisation et dans ceux de formation récente, présentant une somme exceptionnelle de cas difficiles. La nécessité de réparer de graves blessures et des ruines mortelles, ainsi que l'urgence de la pression démographique, de l'urbanisme et de l'accroissement rapide, imposant des centres habités n'ont pas permis de procéder en temps voulu à la révision des systèmes de restauration.

Un tournant décisif a été pris par la méthodologie de la restauration avec la Charte de la restauration, document qui établit, en même temps que les directives universelles au sujet des interventions portant sur les monuments, les règles de leur conservation. Les points importants du texte sont la reconnaissance de la valeur culturelle du monument et la nécessité de remplacer la protection passive par la protection active. La Charte comporte une notion révolutionnaire en énonçant le principe de la conservation intégrale des divers stades historiques qui ont marqué une œuvre, en le justifiant par la possibilité (pour les temps à venir, qui seront dotés de ressources et d'instruments plus perfectionnés que ceux d'aujourd'hui) de découvrir des valeurs qui échappent à l'analyse actuellement possible.

Les exigences croissantes de la critique historique et l'essor de la sociologie ont influé simultanément sur la rapide évolution de la conception du monument d'architecture et de la conception de la restauration. Avec Boito, déjà, la signification de bien culturel, attribuée à une œuvre architecturale, avait attiré l'attention sur la polyvalence culturelle des monuments et sur l'incidence qu'ils ont sur l'histoire de la civilisation.

La Charte de Venise de 1964 insiste sur les fonctions composites qu'un monument est appelé à remplir dans la connaissance objective du passé et dans la conscience du présent. La critique tient pour fermement acquis le principe selon lequel un monument appartient à un contexte, est partie intégrante de la physionomie d'une culture et d'une société : aussi sa sauvegarde doit-elle être une opération culturelle et sociale. La restauration en architecture présuppose, par conséquent, une restauration comprise comme revivification de l'ambiance qui détermina l'événement-monument, ainsi qu'une restauration de l'habitat humain, c'est-à-dire une opération qui puisse garantir la permanence, dans l'environnement, de la variété des forces représentées par la composition hétérogène du groupe social.

Seul peut aujourd'hui être tenu pour un restaurateur celui qui, étant technicien, historien et philologue, sait en outre explorer et identifier les forces complexes qui concourent à la détermination du contenu culturel dans lequel existe le monument. Étroitement liées l'une à l'autre, la conservation et la mise en œuvre des travaux exigent que les auteurs des plans régulateurs, territoriaux, régionaux et particuliers, soient avertis des impératifs émanant de la critique historique et de la sociologie ; cela vaut également pour le restaurateur, qui, insérant son œuvre dans la réalité urbaine, empêchera la sophistication de l'authentique physionomie d'un environnement historique.

Le restaurateur d'autrefois agissait sur le monument comme sur une matière inerte à soumettre soit à un nouveau langage, soit à de nouvelles exigences. Aujourd'hui, le monument est une force active et propulsive, génératrice par elle-même et en liaison avec d'autres forces vitales ; le restaurateur[...]

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