MERS RETRAITS ET AVANCÉES DES
L'influence de la tectonique locale et de l'isostasie
La tectonique des plaques et les variations du volume des glaciers continentaux ont une influence globale, et elles sont responsables de changements du niveau de la mer ressentis sur l'ensemble de la planète. Cependant, les forces qui agissent sur les plaques continentales provoquent également des déformations importantes à l'intérieur des continents et sur leur bordure. Pour un observateur situé sur le continent, ces dernières seront vues localement comme des régressions ou des transgressions. Toutefois, ces variations relatives du niveau de la mer ne sont plus associées à des phénomènes globaux et ne reflètent que des mouvements locaux de blocs continentaux, parfois à très petite échelle.
La fonte des grandes calottes glaciaires qui recouvraient le Canada et la Scandinavie a provoqué la remontée de toutes les régions libérées du poids des glaces, selon le principe de l'isostasie (cf. gravimétrie). On retrouve ainsi sur les îles canadiennes arctiques des plages soulevées à plus de 100 mètres d'altitude, datant de 6 000 à 10 000 ans, et qu'une interprétation géologique classique conduirait à considérer comme la preuve d'un très haut niveau marin. Il en va de même sur les rivages de la péninsule scandinave, où le golfe de Botnie remonte encore actuellement au rythme de 1 mètre par siècle. Ce réajustement isostatique se fait sentir, avec des modalités différentes, sur l'ensemble de la Terre, car le manteau terrestre est très visqueux et transmet lentement à la croûte terrestre les déformations qui l'affectent. De vastes régions du globe ont ainsi connu des mouvements soit de surrection, soit de subsidence au cours des dix derniers millénaires. L'évolution du niveau de la mer qu'elles ont subie est donc différente. Par exemple, la plupart des atolls du Pacifique culminent à + 4 mètres parce que la mer a monté à ce niveau il y a 6 000 ans, puis a reculé pour atteindre son niveau actuel. Une situation similaire a été observée le long des côtes du Brésil ou de l'Australie. En revanche, les îles de l'océan Atlantique nord tout comme les côtes européennes n'ont connu au cours de la même période qu'une montée continue des eaux, qui se poursuit encore de nos jours.
Au cours de leur déplacement, les principales plaques lithosphériques qui constituent la croûte terrestre se heurtent. Il en résulte des tensions énormes qui ont pour conséquence la compression de bassins sédimentaires. En zone côtière ou dans les mers épicontinentales peu profondes, les couches sédimentaires enregistrent ces mouvements comme des changements du niveau de la mer de plusieurs dizaines de mètres. La partie centrale des bassins sédimentaires s'enfonce, et le niveau de la mer paraît monter. Dans le même temps, leur périphérie tend à se soulever, et la sédimentation prend un caractère régressif. Plusieurs des régressions et transgressions décrites dans le Bassin parisien résultent vraisemblablement de contraintes tectoniques régionales pendant l'orogenèse alpine.
Les tensions à l'intérieur des plaques se relâchent également par des tremblements de terre qui s'accompagnent du déplacement des blocs rigides le long de failles actives. Ces forces ont un rayon d'action beaucoup plus grand qu'on ne le supposait autrefois, quand prévalait l'hypothèse de plaques peu déformables. C'est ainsi que la collision entre l'Inde et l'Asie, responsable de la formation des chaînes himalayennes, explique aussi les grandes structures géologiques de tout l'ouest de la Chine sur plus de 3 000 kilomètres. Les vallées ont été affectées par le décrochement de blocs lors des plus grands séismes, et les fleuves asiatiques ont changé plusieurs fois de cours pendant l'ère tertiaire. Leurs [...]
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Écrit par
- Jean-Claude DUPLESSY : directeur de recherche au C.N.R.S., Centre des faibles radioactivités, Gif-sur-Yvette
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