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RÉTROVIRUS

Réplication et dissémination d'un rétrovirus : l'exemple du VIH-1

Grâce à de très nombreux travaux sur la structure et la réplication du VIH-1 et celles d'autres rétrovirus, on peut très schématiquement décrire le cycle de multiplication du VIH-1 en dix étapes.

Les cinq premières étapes concernent la formation du provirus. Ce sont, dans l'ordre : (1) la reconnaissance entre le virus et la cellule grâce à des interactions entre la glycoprotéine de surface SUgp120 du virus (correspondant aux spicules du virus) et deux récepteurs à la surface de la cellule, le CD4 et un récepteur de chimiokine ; (2) la fixation du virus à la cellule ; (3) la fusion des membranes cellulaire et virale conduisant à l'entrée de la nucléocapside dans le cytoplasme de la cellule ; (4) la synthèse de l'ADN proviral par la transcriptase inverse dans la nucléocapside ; (5) la translocation de l'ADN proviral associé à des protéines virales et cellulaires dans le noyau de la cellule et son intégration dans le génome de la cellule hôte par l'intégrase virale.

Les cinq étapes suivantes correspondent à l'expression de l'ADN proviral parasite et à la formation de nouvelles particules virales. Ce sont : (6) la synthèse du génome ARN viral ; (7) celle des autres ARN viraux par épissage de l'ARN viral initial, et leur transport dans le cytoplasme ; (8) la synthèse des protéines virales sous forme de précurseurs polyprotéiques, et leur transport en direction de la membrane externe ; (9) à ce niveau a lieu l'assemblage des protéines virales, et l'encapsidation du génome ARN dans les particules virales en formation ; (10) le bourgeonnement, la maturation et la libération des nouvelles particules virales dans le milieu extracellulaire (fig. 1).

La libération du VIH par les cellules infectées est très active, puisque des centaines à des milliers de particules virales sont produites chaque heure, pendant toute la vie de la cellule. Chez les personnes infectées par le VIH-1, on le retrouve dans de nombreux compartiments du corps, et plus particulièrement dans le sang, les sécrétions sexuelles, et en grande quantité associé aux ganglions lymphatiques.

La transmission du virus intervient lors de rapports hétéro- et homosexuels non protégés, à la suite de l'échange de seringues contaminées entre personnes usant de drogues par injection intraveineuse, et éventuellement à la suite de transfusions sanguines si le don de sang n'a pas été contrôlé. Après exposition au virus sous forme libre et/ou de cellules infectées, il semble que quelques heures suffisent pour que la contamination soit irréversible. L'infection s'installe avec, dans la majorité des cas, des signes cliniques allant des nausées et céphalées aux fortes diarrhées avec perte de poids. Cette première phase de l'infection correspond à une multiplication active du virus dans les monocytes et les macrophages, les premières cibles cellulaires du VIH-1, puis, de façon très active, dans les lymphocytes T. La charge virale dans le sang des personnes en primo-infection est très élevée, de l'ordre de 105 à 106 copies de virus par millilitre. La présence de grandes quantités de virus et de cellules infectées induit au bout de quelques semaines une réponse immune à médiation cellulaire et humorale (la séroconversion anti-VIH), causant une forte réduction de la charge virale dans le sang. La phase dite asymptomatique suit la primo-infection et peut durer plusieurs années au cours desquelles le virus continue de se répliquer dans les lymphocytes T-CD4 et les organes lymphoïdes, les réservoirs du virus, en échappant à la réponse immune grâce à sa variabilité génétique liée à sa réplication intense. Cette stratégie réplicative du VIH ne cesse de stimuler, puis d'endommager le système immun – un lymphocyte T-CD4 infecté par ce virus[...]

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Écrit par

  • : directeur de l'unité de virologie humaine à l'École normale supérieure de Lyon, I.N.S.E.R.M. U412, professeur, docteur ès sciences naturelles

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