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Return to the East, TYLER (Charles)

Charles Tyler naît le 20 juillet 1941 à Cadiz, dans le Kentucky, et passe son enfance dans l'Indiana. Après des études de piano et de clarinette, il aborde le saxophone alto puis le saxophone baryton. Il rencontre Albert Ayler lors de séjours à New York et se lie d'une forte amitié avec ce chef de file du free jazz. En tant qu'accompagnateur, on le retrouve au côté de ce dernier pour l'album Spirits Rejoice (1965), publié par la firme ESP, le plus grand label de jazz expérimental de l'époque. Charles Tyler retourne ensuite dans l'Indiana pour étudier auprès du tromboniste David Baker, avec qui il enregistre un deuxième disque chez ESP, en tant que leader. À la fin des années 1960, il part enseigner en Californie. Il devient ensuite une figure des lofts new-yorkais, lieux de vie et de création, et s'occupe lui-même d'un loft, The Brook.

À cette époque, Charles Tyler fonde son propre label, AK.BA Records, où figurent des enregistrements du poète Barry Wallenstein. Dans les années 1980, il collabore avec Sun Ra, avec qui il effectue une tournée en Scandinavie. Il vit un moment au Danemark, avant de gagner la France en 1985. Il enregistre alors avec le batteur américain Dennis Charles et le saxophoniste français Daunik Lazro pour le label Bleu Regard et s'installe à Toulon, où il mourra le 27 juin 1992.

L'album Voyage from Jericho, dont est extrait Return to the East, est publié en 1975 par AK.BA Records; il sera réédité par Bleu Regard en 1993.

Le thème d'ouverture du morceau est une sorte de fanfare atonale, presque grotesque, soulignée par le batteur et jouée à l'unisson par le saxophoniste et le trompettiste, qui «oublie» quelques notes au passage. Le thème, sorte de totem de la musique afro-américaine, est traité avec un souci de déconstruction et manifeste une certaine dérision. Il introduit un point d'orgue qui précède le rythme de batterie. Les fils conducteurs sont donnés par la cymbale ride et la contrebasse, qui joue un ostinato ambivalent construit sur la fondamentale et la quinte. Ronnie Boykins, le plus grand bassiste que l'Arkestra de Sun Ra ait connu, installe une fois de plus son jeu minimal mais «viril», tout au service du soliste. Enchaînant les idées musicales comme dans un cadavre exquis, le chorus de saxophone alto cherche la discontinuité mélodique.

Dans le free jazz, l'utilisation des instruments qui imposent une harmonie – guitare ou piano – a souvent été évitée. On perçoit dans ce morceau les possibilités expressives qu'offre cette conduite de voies indépendantes, libérée de la contrainte de la mesure peu à peu diluée – les accents évoluent –, mais restant fidèle à une pulsation vitale, qui constitue le lien avec les racines africaines du jazz.

— Eugène LLEDO

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore