RÉVEILS, religion
Dans l'histoire religieuse moderne, le terme de réveil — traduction de l'expression anglaise revival of religion (renaissance ou renouvellement de la religion) — désigne des mouvements qui, à partir du xviiie siècle, dans certaines confessions protestantes, notamment des pays anglo-saxons, suscitent en peu de temps des conversions subites et souvent collectives, un regain de vie religieuse, l'apparition de nouvelles communautés et d'œuvres diverses. Bien que de tels renouvellements puissent se produire dans toutes les religions, le phénomène « revivaliste » est surtout une caractéristique des Églises et sectes issues de la Réforme.
Conçus, dans une prospective providentialiste, comme des interventions de la grâce souveraine de Dieu et de l'Esprit saint en faveur des âmes et des Églises, les réveils surviennent souvent au cours des périodes troublées et se caractérisent par des conversions spectaculaires qui s'accompagnent la plupart du temps de manifestations physiques ou de crises (larmes, soupirs, cris, tremblements, explosions d'allégresse, extases), ces phénomènes se présentant comme de violentes réactions émotionnelles à certaines formes de prédication qui développent d'ordinaire des thèmes terrifiants, culpabilisants ou apocalyptiques.
Les mouvements revivalistes cherchent, par définition, à redonner vie aux Églises au sein desquelles ils se manifestent et non à s'en séparer. Ils en viennent habituellement, en fait, soit à engendrer un renouveau institutionnel qui s'intègre plus ou moins harmonieusement au système ecclésial antérieur, soit à créer des institutions nouvelles ou d'autres dénominations plus ou moins schismatiques.
Les deux réveils les plus importants au sein du protestantisme sont apparus vers 1740 avec le méthodisme, organisé par John Wesley (1703-1791), et avec le Grand Réveil américain (The Great Awakening) qui, fondé par Jonathan Edwards (1703-1758) dans le Massachusetts, s'étendit aux populations rurales, appartenant à diverses dénominations, du Connecticut et du New Jersey, et qui contribua à renforcer la cohésion du peuple américain. Vers 1800 se produisit un second réveil américain, dont l'animateur le plus important fut Charles G. Finney (1792-1875) et qui, s'étendant à la population fluide de la Frontière et aux habitants des grandes villes, inaugura la pratique du camp meeting, rassemblement de milliers de personnes en plein air pendant plusieurs jours. À partir de 1780 se développa dans l'Église d'Angleterre et dans l'Église d'Écosse un renouveau évangélique qui gagna l'Allemagne, puis, vers 1820, d'autres pays tels que la Suisse et la France. Le réveil francophone fut dominé en Suisse, par Alexandre Vinet (1797-1847) et par Emaytaz, Pyt, Gonthier, César Malan, Gaussen et Merle d'Aubigné, en France, par Ami Bost, Félix Neff, Charles Cook, Napoléon Roussel et Adolphe Monod.
Malgré de notables exceptions, tel le réveil des ouvriers mineurs du pays de Galles mené par Evan Roberts en 1904 ou le réveil d'Azuza Street à Los Angeles en 1906, le revivalisme connaît depuis une centaine d'années un réel déclin. Parmi les protestants qui souhaitent relancer de tels mouvements, les uns tendent à utiliser à des fins d'évangélisation diverses techniques de promotion commerciale — tels Dwight L. Moody (1837-1899) ou, vers 1960, Billy Graham —, un style de music hall — comme Billy Sunday (1862-1937) ; d'autres tentent de réveiller la conscience sociale et politique de leurs Églises respectives et de les amener à coopérer avec le monde ouvrier, donnant ainsi naissance à de nouvelles formes, très marginales il est vrai, de communautés (Institutional Churches aux États-Unis ; Settlements en Grande-Bretagne ; Fraternités en France).
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Écrit par
- Jean-Louis KLEIN : professeur à la faculté de théologie de Strasbourg
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