- 1. Aux origines du mot revenu
- 2. Délimitation du concept de revenu national
- 3. Le revenu en tant que produit de l'agriculture : le point de vue des physiocrates
- 4. Le revenu national chez les classiques anglais
- 5. L'abandon de la vision classique
- 6. À propos de la pertinence de la notion de travail productif
- 7. Tentatives de mesure du revenu national et choix politiques
- 8. L'importance prise par la comptabilité nationale dans l'après-guerre
- 9. Les trois approches pour saisir le revenu national
- 10. Décomposition du revenu national lors de sa présentation
- 11. Consommation intermédiaire et utilisation finale
- 12. Le débat sur les prix
- 13. Bibliographie
REVENU NATIONAL
Le revenu national chez les classiques anglais
En Angleterre, Adam Smith (1723-1790) se démarque de la vision selon laquelle seule l'agriculture est productive, puisqu'il considère que le travail des ouvriers et des artisans est également productif de revenu. En revanche, il estime que « le travail de quelques-uns des ordres les plus respectables de la société est, comme celui des domestiques, improductif », énumérant « le roi, les officiers de justice et de l'armée, toute l'armée et la marine de guerre [...], les ecclésiastiques, hommes de loi, médecins, comédiens [...], chanteurs et danseurs d'opéra, etc. ».
Comme chez les physiocrates, c'est le revenu produit chaque année par les productifs qui entretient les improductifs, « les gens de cette espèce, ne produisant rien par eux-mêmes, sont tous entretenus par le produit du travail d'autrui ».
L'idéal de société de Smith n'est néanmoins pas (comme on pourrait le croire) une société composée d'un maximum de travailleurs productifs. La croissance de la production n'est qu'un moyen pour atteindre une forme d'organisation sociale supérieure. Dans celle-ci, les savants et les philosophes comptent parmi les individus les plus valables. Malgré leur caractère improductif, le but ultime est d'en accroître le nombre et le rôle dans la société. En revanche, Smith avait la plus grande horreur pour les « oisifs », cas particulier de l'improductif.
L'économie politique classique (Ricardo, Mill et Marx) adopte en général la même distinction que Smith entre travail productif et improductif, tout en modifiant quelque peu, en fonction des phénomènes étudiés, la ligne exacte de partage entre ces deux types de travail.
Remarquons que, dans l'économie politique classique, la distinction entre productif et improductif ne coïncide pas nécessairement avec la distinction entre matériel et immatériel, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Ainsi, John Stuart Mill (1806-1873) soutient que l'enseignement technologique que fournit un professeur peut être considéré comme productif car il se « fixe » dans l'esprit de l'élève, dont il augmente la productivité, comme peut le faire l'amélioration d'une machine.
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Écrit par
- Véronique PAREL : chercheur au G.R.E.S.E., université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Francisco VERGARA : président de l'Association pour la diffusion de l'économie politique
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