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BAGAUDES RÉVOLTE DES

On désigne sous le nom de bagaudes (terme d'origine celtique qui signifie « les combattants ») les paysans gaulois qui se révoltèrent contre les Romains à l'époque de Dioclétien (fin du iiie siècle) et les révoltés de Gaule et d'Espagne dans la première moitié du ve siècle. Le premier soulèvement, qui avait été précédé d'un certain nombre de troubles, commença en 283 et dura jusqu'en 311. Les révoltés, qui se dressaient contre la pression fiscale, sont souvent traités de voleurs (latrones) par les auteurs latins. En réalité, leurs bandes, qui se livraient bien entendu au pillage, constituaient de véritables armées animées d'un certain patriotisme. Ils furent battus par Maximien Hercule, et leurs chefs Aelianus et Amandus, qu'ils avaient élus empereurs, furent considérés comme des martyrs et des saints. À la fin du ive siècle et au début du ve, les bagaudes réapparurent un peu partout, habitants de la campagne se révoltant contre les impôts et contre la justice de Rome.

Salvien, moine de Trèves qui se fixa dans les îles de Lérins vers 450, s'exprime comme suit : « Nous les appelons des rebelles, des hommes perdus, nous qui les avons poussés à être des criminels. S'ils sont devenus des bagaudes, n'est-ce pas à cause de nos injustices, de la malhonnêteté des gouverneurs, de leurs confiscations, de leurs rapines, eux qui, sous le prétexte de percevoir les impôts publics, détournent à leur profit les sommes perçues ? » (De gubernatione Dei, V, vi). La comédie latine, Querolus, Le Grognon, ou l'Aulularia, qui date de la fin du ive siècle ou du début du siècle suivant et qui est imitée de Plaute, montre comment les paysans repoussent les lois romaines et s'organisent pour rendre la justice. On signale des bagaudes au ve siècle en Espagne, dans la Tarraconaise. L'écrivain grec Zosime dépeint leur activité dans les Alpes en 408. Mais c'est en Armorique, où se manifeste un chef de bagaudes, Tibatto, que les révoltés sont les plus actifs et les plus puissants. Ici encore, il apparaît nettement que les paysans sont mus par un sentiment antiromain. Goar, le chef des Alains, peuple originaire du Caucase auquel Aetius, qui avait lui-même reçu mission de défendre l'Armorique, avait fait appel, voulut noyer dans le sang la sécession des Armoricains. Mais saint Germain s'interposa. À cette même date, on constate l'immigration en Armorique d'hommes et de femmes de Grande-Bretagne. Le terme de bagaudes n'est pas employé pour désigner les révoltés de Grande-Bretagne qui sont cependant signalés à la même époque dans la région londonienne et ailleurs.

En Gaule, le nom apparaît dans des documents postérieurs au ve siècle, ne laissant aucun doute sur l'ampleur de la révolte. Un diplôme de 638 relatif à Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne, mentionne un retranchement des bagaudes dans la localité.

— Paul QUENTEL

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