PAPIER TIMBRÉ RÉVOLTE DU (1675)
Révolte survenue en Basse-Bretagne, d'autant plus grave qu'elle se produit pendant une émeute bordelaise au cours de la guerre de Hollande (1675). En Bretagne, les officiers seigneuriaux (sénéchal, notaire, sergent, procureur fiscal) jouaient le rôle d'hommes d'affaires du seigneur ; rémunérés par vacations, ils se montraient tracassiers. Les seigneurs eux-mêmes résidaient sur leurs terres dont la gestion était confiée à un intendant ou à des fermiers. Généralement pauvres, ils exigeaient rigoureusement leurs droits. Dans un climat déjà tendu entre les seigneurs et les paysans, le parlement de Bretagne ajoute une nouvelle charge, par l'édit royal de 1674 qui rend obligatoire, dans tout le royaume, le papier timbré pour les actes de justice et les actes notariés. Un autre édit impose la marque à la vaisselle d'étain, un troisième réserve au roi le monopole du tabac.
La révolte éclate à Rennes où les bureaux pour la vente du tabac et du papier timbré sont pillés. À Nantes, les bourgeois font cause commune avec les insurgés. Quand, en juin, Louvois ordonne l'intervention des troupes à Rennes, le parlement se dresse contre cette violation des privilèges municipaux. Il sollicite du roi le retrait des trois édits. L'agitation gagne les campagnes où le bruit se répand que le roi veut établir la gabelle. Les paysans, en armes, entraînent leurs recteurs, en Cornouaille, dans le pays de Poher (région de Carhaix) ; entre Châteaulin et Quimper plus de deux mille hommes marchent sous la conduite d'un « caporal ». Partout les bureaux de papier timbré sont pillés, les châteaux attaqués, les chartriers brûlés ; les insurgés exigent la reconnaissance d'un « code paysan » qui s'en prend au régime domanial ; ils proclament la « liberté de la province armorique » et la suppression des droits seigneuriaux ; ils décident de présenter leur requête aux états provinciaux.
Ces paysans furieux, coiffés du bonnet rouge, luttent à la fois contre les seigneurs et contre les agents du roi. Ce ne sont pas des révolutionnaires, ils n'ont pas de programme pour remplacer l'ordre social et politique existant. L'ordre fut rétabli par des renforts envoyés au gouverneur, le duc de Chaulnes ; les meneurs furent jugés et condamnés aux galères, le parlement exilé à Vannes. Les états de Bretagne versèrent un don gratuit et Louis XIV accorda l'amnistie générale en février 1676.
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Écrit par
- Louis TRENARD : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille
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RENNES
- Écrit par Jean OLLIVRO
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...du Parlement de Bretagne, qui s'y installe définitivement en 1561 et qui va plusieurs fois s'opposer à la Couronne pour défendre les intérêts bretons. Par exemple, la révolte du papier timbré en 1675 provoque l'exil du Parlement à Vannes jusqu'en 1689, ce qui entraîne une baisse de 20 p. 100 de...