- 1. L'armée royale et la Révolution
- 2. Les volontaires de 1791
- 3. La patrie en danger
- 4. 1792 : une armée populaire
- 5. De la levée des 300 000 hommes à la levée en masse
- 6. La levée en masse
- 7. L'amalgame et l'encadrement
- 8. Le soldat de l'an II, un citoyen modèle
- 9. De l'armée des soldats citoyens à l'armée des coups d'État
- 10. La conscription, du Directoire au premier Empire
- 11. Les officiers de Napoléon et l'honneur
- 12. Les officiers, des notables
- 13. Les généraux de Napoléon
- 14. Bibliographie
RÉVOLUTION & EMPIRE, armée
La conscription, du Directoire au premier Empire
Avant de disparaître, le Directoire avait voté en janvier 1798 la loi de la conscription, qu'il légua comme bien d'autres mesures au Consulat. Cette loi, présentée par Jourdan, prévoyait chaque année l'appel sous les drapeaux des jeunes gens. Tous les Français d'« âge militaire », c'est-à-dire âgés de vingt ans révolus, devaient être inscrits ensemble, c'est-à-dire conscrits, sur les tableaux de recrutement de l'armée ; ils y restaient inscrits jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Tous les Français nés la même année formaient une classe, la première à partir étant formée des plus jeunes. Le service durait cinq ans. Comme on espérait ne pas avoir besoin de tous les conscrits, seuls les plus jeunes de la classe appelée partiraient. Le système fut très vite vicié par le tirage au sort qui désigna ceux qui iraient sous les drapeaux et par le remplacement qui permettait, en achetant un homme, d'échapper à la conscription. Celle-ci suscita, plus que la réquisition, des refus, des insoumissions et des révoltes.
Le Consulat et l' Empire reprirent dans ses grandes lignes la loi Jourdan, y ajoutant des règlements administratifs pour son application. Le nombre des conscrits et l'appel d'une ou de plusieurs classes furent d'abord fixés par le corps législatif, puis, à partir de 1805, par l'empereur sous forme de senatus-consulte. La loi répartissait le contingent entre les départements. Les conseils généraux indiquaient le contingent de chaque arrondissement, l'arrondissement aux communes, et c'étaient en dernier ressort les municipalités qui présidaient aux opérations de la conscription et notamment à l'établissement du conseil de révision qui se prononçait sur les exemptions. Devant la multiplication des exemptions de complaisance, les municipalités perdirent leurs attributions et ce furent les préfets et les sous-préfets qui eurent la haute main sur la conscription. Dès 1800, d'ailleurs, une circulaire ministérielle leur avait appris que c'était là la première de leurs missions et que ce serait sur elle qu'ils seraient jugés.
En 1803, 174 000 hommes des classes de 1792 à 1799 avaient été maintenus sous les drapeaux et, à partir de 1805, la pratique se généralisa, si bien que le conscrit s'en allant rejoindre une unité ne savait jamais combien de temps durerait son service. En 1805, et plus encore en 1811, on usa du rappel des classes anciennes et on anticipa sur le départ des classes nouvelles. Le bon numéro tiré – le plus éloigné du chiffre 1 – ne garantissait plus contre un prompt départ.
La contribution demandée à la France fut relativement légère, mais le chiffre des levées alla en augmentant, passant de 113 000 hommes en 1805 à 165 000 en 1806 et à plus d'un million pour celles de 1812 et 1813. Au total, ce furent 2 millions d'hommes qui s'incorporèrent aux régiments, soit 37 p. 100 des mobilisables et 7 p. 100 de la population totale. Conscription inégalitaire, elle pesa plus sur l'Ariège que sur la Seine, par exemple, moins sur les départements du Sud que sur ceux du Nord. À l'intérieur d'un département, il y eut des disparités entre les cantons : dans le Calvados, le canton de Honfleur fournit plus de soldats par rapport à sa population que celui, voisin, de Coulibeuf. Si certaines villes comme celles de la Sarthe ou de la Haute-Loire donnèrent plus que les campagnes, d'autres, dans la Seine ou la Loire, contribuèrent moins. Inégalité aussi selon les classes sociales : le pauvre partit plus que le riche capable d'acheter un remplaçant 5 000 francs, voire, en certaines époques, 10 000 francs, soit dix fois le prix d'un champ d'oliviers dans le Midi ! Le fils du bourgeois ne songea pas toujours à fuir la conscription. À Paris, des fils de négociants ou de rentiers furent même volontaires : prestige[...]
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Écrit par
- Jean-Paul BERTAUD : professeur d'histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, agrégé de l'Université, docteur ès lettres
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