- 1. L'armée royale et la Révolution
- 2. Les volontaires de 1791
- 3. La patrie en danger
- 4. 1792 : une armée populaire
- 5. De la levée des 300 000 hommes à la levée en masse
- 6. La levée en masse
- 7. L'amalgame et l'encadrement
- 8. Le soldat de l'an II, un citoyen modèle
- 9. De l'armée des soldats citoyens à l'armée des coups d'État
- 10. La conscription, du Directoire au premier Empire
- 11. Les officiers de Napoléon et l'honneur
- 12. Les officiers, des notables
- 13. Les généraux de Napoléon
- 14. Bibliographie
RÉVOLUTION & EMPIRE, armée
Les généraux de Napoléon
À côté des briscards issus des armées de la Révolution, il y eut ainsi une minorité, certes, mais une minorité qui s'enfla peu à peu, de jeunes officiers issus des meilleurs familles. Ils furent commandés par des généraux eux aussi originaires des milieux de la moyenne bourgeoisie ou – pour un quart – de la noblesse ancienne. Souvent instruits de leur art sous la Révolution, ces généraux étaient des hommes encore jeunes – en moyenne quarante et un ans – sachant partager les périls de ceux qu'ils commandaient : Oudinot, par exemple, sera blessé vingt-trois fois. Bons tacticiens, excellents entraîneurs d'hommes, mais piètres stratèges, c'est ainsi qu'on les présente généralement ; c'est oublier Lannes ou Davout, gênés parfois dans leurs initiatives par la volonté de Napoléon de tout contrôler, de tout diriger.
Si certains de ces généraux et plus encore certains officiers subalternes conservaient, avec la nostalgie de l'an II, des sentiments républicains jusqu'à fomenter parfois des complots, tel celui de l'association secrète des Philadelphes, ils furent, pour la plupart, et avec eux les soldats, mais non sans grogne, dans la dévotion d'un Napoléon qui leur dispensait gloire, honneur et dons. Toutefois, avec l'âge, la multiplication des campagnes, une guerre qui ne semblait jamais devoir finir, beaucoup de ces généraux aspirèrent à la paix qui leur donnerait la possibilité de jouir enfin de leur fortune. Le « parti » des généraux et des maréchaux pèsera sur l'abdication finale.
Il reste que presque tous les officiers, souvent demi-soldes sous la Restauration, se feront les propagandistes de l'épopée napoléonienne qu'ils joignaient à celle, « niveleuse et conquérante », de la Révolution. Ils transporteront dans la société civile le mythe napoléonien créé par Napoléon à Sainte-Hélène et seront parfois les militants d'un bonapartisme qui profitera plus tard au prince-président Louis-Napoléon.
À observer cette armée de la Révolution et de l'Empire, l'enquêteur y décèle l'entrelacs de continuités et de ruptures avec l'armée des rois. Continuités : l'État d'Ancien Régime, à la veille de la Révolution, avait poursuivi une politique instaurée par Louis XIV pour transformer une armée de mercenaires en une armée de soldats plus proches de la nation. Cet État s'était aussi efforcé de mener à bien une œuvre centralisatrice qui faisait de l'armée une société qu'il contrôlait mieux qu'autrefois, un outil de guerre disposant de bureaux d'administration améliorés, de dépôts d'archives, de cartes et de plans qui serviront aux batailles à venir, d'écoles de formation mieux adaptées à l'évolution du combat, d'armements – fusils, canons – qui resteront ceux de la Révolution et de l'Empire. Ruptures et notamment dans la composition sociale des cadres et dans leur mentalité : il y eut, comme dans la société civile, une redistribution des rôles. À une armée encadrée trop exclusivement par la noblesse succéda une armée dont les officiers furent choisis en fonction moins de leur naissance que de leurs talents et de leurs mérites : officiers sortis de la moyenne et petite bourgeoisie, sous-officiers issus désormais plus largement de la paysannerie ou de l'artisanat. Tous n'avaient pas dans leur giberne le bâton de maréchal, ils pouvaient espérer l'obtenir beaucoup plus que jadis. La gloire des armes et l'honneur de servir, privilèges réservés à quelques-uns, devinrent le lot commun. La société d'ordres de l'Ancien Régime plaçait au premier rang, avec le clergé, la noblesse qui, par essence, était militaire. La société nouvelle fut elle aussi dominée par les valeurs militaires, mais par des valeurs que tous les Français pouvaient acquérir. Longtemps encore, à des degrés divers certes, la société française restera imprégnée par la mentalité venue des camps : la gloire des armes,[...]
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Écrit par
- Jean-Paul BERTAUD : professeur d'histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, agrégé de l'Université, docteur ès lettres
Classification
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