- 1. L'armée royale et la Révolution
- 2. Les volontaires de 1791
- 3. La patrie en danger
- 4. 1792 : une armée populaire
- 5. De la levée des 300 000 hommes à la levée en masse
- 6. La levée en masse
- 7. L'amalgame et l'encadrement
- 8. Le soldat de l'an II, un citoyen modèle
- 9. De l'armée des soldats citoyens à l'armée des coups d'État
- 10. La conscription, du Directoire au premier Empire
- 11. Les officiers de Napoléon et l'honneur
- 12. Les officiers, des notables
- 13. Les généraux de Napoléon
- 14. Bibliographie
RÉVOLUTION & EMPIRE, armée
1792 : une armée populaire
Les volontaires de 1792 – une enquête menée dans les registres de contrôle des troupes le montre – étaient en moyenne plus jeunes que ceux de 1791 : parmi les moins de vingt-cinq ans qui formèrent les trois quarts du contingent, près de 15 p. 100 avaient moins de dix-huit ans. On comptait toutefois des hommes d'âge mûr et la pyramide des âges s'étala : près de 7 p. 100 des volontaires de 1792 avaient dépassé trente-six ans. Plus jeunes, les volontaires de 1792 n'étaient pas tous des hommes faits et leur taille était souvent plus réduite que celle de leurs devanciers : 64 p. 100 mesuraient 1,67 m ou moins. La misère ou la pauvreté qui étaient le lot du plus grand nombre s'opposaient aussi au développement d'une forte constitution. Ainsi, dans la Manche, dut-on retirer du contingent 154 volontaires jugés trop faibles physiquement et 286 de trop petite taille. Les officiers, élus comme en 1791, avaient dans l'ensemble une origine sociale moins élevée que celle des volontaires de 1791. Parmi les membres de la petite bourgeoisie, plus nombreux furent les clercs, commis ou employés de bureau que les avocats, les avoués ou les médecins. Les nobles disparurent presque ; on en trouve encore en Dordogne ou dans les Basses-Alpes. Par contre, le nombre des artisans et des paysans qui encadrèrent cette levée se gonfla et, quelquefois, ils furent des militants politiques, si bien qu'on a pu parler, non sans quelque exagération, d'une armée de sans-culottes. Moins disciplinés que ceux de 1791, encadrés par une minorité d'anciens soldats ayant atteint le grade de caporal, au mieux celui de sergent, discutant les ordres, se méfiant des chefs aristocrates, pourchassant le suspect, le massacrant quelquefois, donnant ici et là la main aux taxateurs – on le voit dans le Tarn, l'Aveyron et la Lozère –, mettant à mal, comme dans le Sud-Est, les prêtres réfractaires, ces volontaires apparurent aux généraux comme des hommes qui les gêneraient plus qu'ils ne les aideraient dans la guerre. Les adversaires en jugèrent de tout autre manière, qui les décrivirent comme une « masse agissante », les impressionnant par leur ardeur à combattre. Le Prussien Laukhard voyait dans cette ardeur l'effet du patriotisme : « Sans doute, ils n'étaient pas tirés au cordeau, aussi astiqués, aussi dressés, aussi habiles à manier le fusil et à marcher au pas que les Prussiens, mais ils étaient dévoués corps et âme à la cause qu'ils servaient [...]. Presque tous ceux que j'ai connus alors savaient pour qui et pour quoi ils se battaient et se déclaraient prêts à sacrifier leur vie pour le bien de leur patrie. »
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Écrit par
- Jean-Paul BERTAUD : professeur d'histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, agrégé de l'Université, docteur ès lettres
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