- 1. L'armée royale et la Révolution
- 2. Les volontaires de 1791
- 3. La patrie en danger
- 4. 1792 : une armée populaire
- 5. De la levée des 300 000 hommes à la levée en masse
- 6. La levée en masse
- 7. L'amalgame et l'encadrement
- 8. Le soldat de l'an II, un citoyen modèle
- 9. De l'armée des soldats citoyens à l'armée des coups d'État
- 10. La conscription, du Directoire au premier Empire
- 11. Les officiers de Napoléon et l'honneur
- 12. Les officiers, des notables
- 13. Les généraux de Napoléon
- 14. Bibliographie
RÉVOLUTION & EMPIRE, armée
La levée en masse
Que tous les Français, sans exception, se dressent et s'abattent sur l'armée adverse, le nombre, l'enthousiasme suppléeraient au manque de technique militaire, et en quelques semaines, sinon en une journée – certains le prétendirent –, la Révolution en finirait avec la coalition ! L'idée d'une levée en masse qui parcourut les sections, les sociétés populaires et la Convention, à l'été tragique de 1793, apparut dès le printemps de 1793. On en trouve trace dans les archives parlementaires au moment où l'on apprenait la trahison du général Dumouriez : « Il faut prendre une mesure gigantesque, dit une adresse à la Convention. Que tous les Français se lèvent et marchent à la fois... ». « Il faut lever immédiatement un million de défenseurs de la patrie, ajoutait la section des Quatre-Nations, et les armer d'un poignard et d'un bouclier. » Face à la révolte vendéenne et à celle des « fédéralistes », au milieu de la consternation qui accompagna le meurtre de Marat, l'exigence de cette levée en masse s'accentua. Le grenadier Pocral, du 9e bataillon de la Seine-Inférieure, écrivait le 24 juillet : « Un départ en masse pour venger Marat doit se produire dans toute la France. » Cette levée se réalisa spontanément dans les régions proches des frontières. Un sous-lieutenant de l'armée du Rhin attestait : « Il nous vient du monde en quantité, tous les départements se portent ici, de 25 à 30 000 hommes que nous étions, il y a quinze jours, notre armée peut se porter aujourd'hui à 130 000, à la vérité très peu expérimentés pour la plupart, mais brûlant généralement du désir d'en venir à l'arme blanche avec nos ennemis. »
Levée en masse, mots magiques, mythe : le terme de masse évoquait chez les sans-culottes non seulement le nombre mais la communauté de pensée des patriotes : « masse terrible de tous les sans-culottes, se formant en colonnes républicaines pour couvrir le sol de la liberté ». Le terme de levée en masse remémorait le geste du colosse qui, sur les estampes populaires, symbolisait la France révolutionnaire : se dressant brusquement, il se débarrassait de ses chaînes, dispersant d'un revers de la main ces lilliputiens qu'étaient les mercenaires des rois. Le 16 août, une députation des représentants des départements vint dire à la Convention : « Le peuple ne veut plus d'une guerre de tactique, où les généraux traîtres et perfides sacrifient impunément le sang des citoyens [...]. Que la grande et universelle affaire des Français soit de sauver la République. »
Le 23 août 1793, la Convention décréta : « Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service armé. Les jeunes gens iront au combat ; les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances ; les femmes feront des tentes et serviront dans les hôpitaux ; les enfants mettront le vieux linge en charpie ; les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la République. » Ce décret, qui a inspiré la loi sur le service national jusqu'à sa disparition en 1997, mobilisait bien la nation tout entière. Certes, le service aux armées ne touchait que les célibataires et les veufs sans enfants de dix-huit à vingt-cinq ans, mais tous les autres citoyens étaient appelés à concourir, sur leur lieu de travail ou d'habitation, à la défense nationale. Ce ne fut pas un vœu pieux : à Paris et dans les principales villes de province, des artisans furent réquisitionnés pour fabriquer les fusils et les canons. Dans la capitale, on les forgeait sur les places publiques ou sur des bateaux amarrés aux quais de la Seine. Des sociétés[...]
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Écrit par
- Jean-Paul BERTAUD : professeur d'histoire moderne à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, agrégé de l'Université, docteur ès lettres
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