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REVUE DE PARIS

Sous le titre de Revue de Paris, on trouve en fait, entre 1829 et 1970, avec discontinuité, plusieurs publications successives qui vont connaître tour à tour succès et avanies. La première Revue de Paris, en 1829, est celle fondée par l'original docteur Véron dans l'intention de produire un « nouveau recueil littéraire dans le genre des magazines ou revues anglaises ». En s'ouvrant plus volontiers à des œuvres, et notamment à des romans qu'à des critiques, la revue permet ainsi à des auteurs comme Balzac, Alexandre Dumas, Eugène Sue, Lamartine..., moyennant des rétributions parfois importantes, de pré-publier leurs textes. Vendue par le docteur Véron en 1831, la revue est rachetée par François Buloz, nouveau directeur de La Revue des Deux Mondes, en 1834 et publiée conjointement à celle-ci jusqu'en 1845, date à laquelle elle est absorbée par une autre revue, L'Artiste. Elle réapparaît en 1851 sous la direction d'Arsène Houssaye, Louis Cormenin et Maxime du Camp, avec Théophile Gautier comme rédacteur en chef. Elle offre alors un programme éditorial exclusivement littéraire, faisant une bonne part aux traductions d'écrivains étrangers (Heine, Poe, Leopardi...), mais elle est supprimée en 1858, pour des raisons politiques dues à son libéralisme implicite.

Une nouvelle Revue de Paris apparaît en 1864 avec une orientation plus conservatrice. L'expérience ne dure guère et de nouveaux essais infructueux de relance du titre auront lieu en 1866, 1874 et 1887. La revue ressuscite pour de bon en 1894 aux éditions Calmann-Lévy qui en confient la direction à Louis Ganderax, lui-même épaulé par l'historien Ernest Lavisse et venu de La Revue des Deux Mondes, avec laquelle la Revue de Paris se trouva vite en concurrence. Loti, Renan, D'Annunzio, Faguet, Anatole France, F. Gregh, Romain Rolland figurent dans les premiers sommaires. Puis viennent Ibsen, Nietzsche, Tchekhov, Dostoïevski, Kipling, Barrès, Tristan Bernard, Bergson... La revue ne tarde pas à montrer une ouverture beaucoup plus grande, tant sur le plan des lettres que des idées ou des orientations politiques (elle fut notamment dreyfusarde), que La Revue des Deux Mondes, tout en restant plutôt mesurée dans ses choix éditoriaux. Toutefois, la création de La Nouvelle Revue française en 1909 et l'importance que celle-ci prit ensuite dans la vie littéraire, sans compter l'influence du Mercure de France, ont empêché la Revue de Paris de jouer le rôle de premier plan auquel elle voulait prétendre.

Marcel Prévost en devient le directeur littéraire en 1912. Après quoi, la revue fut vendue au comte de Fels et à partir de 1925 dirigée par Marcel Thiébault jusqu'à la mort de celui-ci, en 1961. La revue disparaît définitivement et discrètement en 1970, ayant fait figure après la Libération de revue vraiment conservatrice. Tant par ses collaborateurs que par ses thèmes, elle n'occupait plus en fait qu'une place mineure dans le panorama des revues.

— Olivier CORPET

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  • : ingénieur au C.N.R.S., rédacteur en chef de La Revue des revues, administrateur de l'Institut mémoires de l'édition contemporaine

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