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RHIGAS VELESTINLIS (1757 env.-1798)

Révolutionnaire et écrivain grec, né à Velestino en Thessalie. Venu, vers 1777, à Constantinople, Rhigas Velestinlis (également appelé Pheraios) s'occupe probablement de commerce et fréquente les Phanariotes ; vers 1786, il s'installe en Valachie, où il fait fortune. Secrétaire du prince Nicolas Mavroyenis dès 1788, il exerce peut-être des fonctions administratives dans la province de Craiova pendant la guerre russo-turque de 1787-1792 ; en tout cas, avant la décapitation de son patron par la Porte (1790), il publie à Vienne une adaptation en grec de six contes de Rétif de La Bretonne, tirés des Contemporaines, sous le titre École des amants délicats (1790), ainsi qu'un Florilège de physique (1790) constitué à partir de manuels et d'articles occidentaux ; il annonce qu'il a entrepris la traduction de L'Esprit des lois de Montesquieu. De 1791 à 1796, il se trouve en Valachie, où il devient sans doute secrétaire du prince Michel Soutzos et traducteur au consulat français de Bucarest. En 1796, il revient à Vienne, et, à partir de cette date, ses activités débouchent sur des manifestations concrètes faisant partie d'un projet révolutionnaire. L'année suivante, il publie à Vienne une Carte de la Grèce en douze feuillets, inspirée des œuvres cartographiques de Jean Adam Zisla, Barbié du Bocage et, pour les monnaies qu'il y insère, d'Erasmus Froelich, J. J. Gessner, J. Pellerin et J. Eckhel, ainsi qu'une Nouvelle Carte de la Valachie, à partir de la Mappa specialis Valachiae de Ruhedorf (1788), et une Carte générale de Moldavie tirée de la carte de H. C. Schütz. Il publie aussi un livre intitulé Trépied de morale (1797), contenant des traductions en vers grecs d'œuvres de Métastase (Olimpiade) et de Marmontel (La Bergère des Alpes). Il traduit certains chapitres du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce de J. Barthélemy (1788), dont les premier et quatrième volumes paraissent à Vienne en 1797. Ces œuvres s'inscrivent dans un climat intellectuel créé par les représentants des idées des Lumières en Grèce et dans les colonies grecques : la prise de conscience nationale passe par la revalorisation de l'Antiquité, la radicalisation des valeurs et des comportements traditionnels due à l'introduction d'une nouvelle morale sociale et, surtout, de connaissances de type scientifique qui brisent les schémas mentaux traditionnels liés à l'enseignement de l'Église. D'autres écrits de Rhigas, imprimés aussi à Vienne en 1797 et que l'on ne connaît qu'indirectement, relèvent du projet révolutionnaire de leur auteur ainsi que de ses idées politiques et sociales, inspirées par la Révolution française. Rhigas se préparait à aller en Grèce pour organiser l'insurrection en profitant de la conjoncture offerte par les guerres napoléoniennes ; il semble qu'il ait organisé une société secrète, mais probablement sans ramifications en Grèce ; il avait pris contact avec une personne qui entretenait des rapports avec les partisans de la révolution en Grèce, Lavrentios Aléandris de Prévéza. Les textes de ce projet sont les suivants : tout d'abord, un manifeste contenant une proclamation commençant par les mots « Liberté-Égalité-Fraternité, qui invite les peuples soumis à l'Empire ottoman à se révolter, les « Droits de l'homme et du citoyen », la Constitution de la République grecque, nom que prendraient les pays libérés, une annexe à la Constitution concernant le drapeau de la République et un poème qui incite aussi à la révolte tous les peuples sous domination ottomane ; ensuite, un manuel de tactique militaire, probablement inspiré de celui du maréchal von Khevenhüller ; enfin, un « catéchisme démocratique » et deux chansons, dont une chantée sur la musique de La Carmagnole. On attribue à Rhigas la[...]

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Écrit par

  • : chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

Classification

Autres références

  • GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine

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    ...croissante des intellectuels bourgeois dans le demi-siècle qui précéda la révolution hellénique de 1821, et dont le représentant typique fut Constantin Rhigas dit Phéraios (1757-1798). Le but des classes phanariote et bourgeoise n'était pas tant la sécession que la prise du pouvoir, chacune pour son compte,...