RHODES
Rhodes aux VIe et Ve siècles avant J.-C.
La première personnalité historique connue est le tyran Cléoboulos (vie s.), qui régna quarante ans à Lindos : un despote éclairé, rangé par la postérité parmi les Sept Sages en tant qu'auteur de maximes devenues proverbiales. Il offrit asile à Solon dans sa cité qu'il dit « gouvernée par le peuple », sans doute parce que, sous son autorité, Lindos a dépassé le stade de la royauté où se trouvaient les deux autres cités de l'île : au ve siècle encore, Ialysos n'avait pas de centre urbain et vivait en communautés villageoises dominées par quelques familles de notables.
Épargnées par les Perses en 490 grâce à une intervention divine, modestement présentes à la bataille de Salamine en 480, les trois cités de Rhodes étaient entrées dans la Ligue de Délos et payaient donc le tribut annuel imposé par Athènes comme participation à l'effort de guerre contre la Perse. Au milieu du ve siècle, Ialysos la rurale payait 10 talents, Lindos la maritime 8 talents et Camiros 4 talents, ce qui donne une idée de l'importance respective des trois cités au moment de l'apogée d'Athènes : Rhodes est alors assoupie et ne vaut guère mieux que la Crète, qui a glissé hors de l'histoire depuis le viie siècle.
En 464, Pindare avait immortalisé dans sa VIIe Olympique la victoire de l'imposant Diagoras de Ialysos (1,96 m), qui avait remporté l'épreuve de pugilat aux quatre concours panhelléniques ; en 448, ses deux fils aînés, Damagètos et Acousilaos, avaient eux-mêmes été vainqueurs à Olympie, avant que le troisième, Dorieus, n'y gagne par trois fois l'épreuve de pugilat. Cette succession inouïe d'exploits sportifs avait donné à cette famille de hobereaux rhodiens un prestige considérable, dont Dorieus sut tirer un profit politique. En 411, avec l'appui actif de ses amis de Sparte, il détacha de l'alliance athénienne les cités de Rhodes et leur fit décider solennellement, dans le sanctuaire d'Athèna Lindia, leur fusion dans une cité unique, dont la nouvelle capitale, Rhodes, serait située à la pointe nord de l'île, face au continent où va se développer une enclave rhodienne aussi importante à son apogée que le territoire insulaire. Ainsi l'île unifiée pourrait assumer son indépendance retrouvée. Les monnaies à la rose et à la tête d'Hélios, patron de la cité nouvelle, sont le symbole du nouvel État.
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Écrit par
- Bernard HOLTZMANN : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre
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Médias
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