RHODOPHYCÉES
Données écologiques et biologiques
Les Rhodophycées se rencontrent dans toutes les mers du globe et sous toutes les latitudes. Elles sont toutefois proportionnellement moins nombreuses dans les mers arctiques, leur nombre augmentant progressivement dans l'Atlantique Nord au fur et à mesure que l'on se rapproche du tropique. Beaucoup de genres sont cosmopolites et représentés dans les divers océans par des espèces différentes. D'autres sont propres aux régions tropicales ou aux régions tempérées boréales ou australes. D'autres enfin ont une répartition géographique plus restreinte, tel le genre Rissoella localisé dans la Méditerranée.
Les Rhodophycées d'eau douce, peu nombreuses, sont fréquentes dans les eaux courantes et peu minéralisées (Batrachospermum, Lemanea). Dans les régions tropicales, des espèces appartenant à des genres marins (Bostrychia, Caloglossa) peuvent vivre dans les eaux douces, très loin de la mer.
Grâce à leurs pigments surnuméraires (phycoérythrine en particulier) qui leur permettent de capter l'énergie des radiations vertes qui seules pénètrent en profondeur dans la mer et qui ne sont pas directement utilisables par la chlorophylle, beaucoup de Rhodophycées vivent dans l'étage infralittoral, au-dessous du niveau des basses mers et jusqu'à la limite inférieure de la végétation marine (120 à 130 m en moyenne). Toutefois, quelques espèces se trouvent près du niveau de la mer et même dans l'étage littoral, en plein soleil (Rissoella). Les Corallinacées peuvent former des revêtements ou des massifs calcaires importants sur les rochers ou contribuer à souder entre eux les blocs de madréporaires des récifs coralliens. Certaines formes non fixées (Lithothamnium calcareum et L. corallioides) s'accumulent sur le fond, en une assez grande épaisseur, et constituent le maerl exploité en Bretagne.
Certaines Rhodophycées épiphytes sur d'autres algues envoient dans les tissus de leur support des rhizoïdes ou des rameaux endophytes ; ces algues, bien pigmentées et photosynthétiques, sont tout au plus des hémiparasites (Polysiphonia lanosa sur l'Ascophyllum). D'autres Rhodophycées, dépourvues ou presque de pigments photosynthétiques, sont par contre des parasites obligatoires qui ne se développent que sur un hôte déterminé. Parmi ces parasites, certains tel l'Harveyella mirabilis qui forme de petits mamelons blanchâtres sur les rameaux de son hôte (Rhodomela), appartiennent à des familles particulières, très éloignées systématiquement de l'algue sur laquelle elles se développent. Ce sont des alloparasites. D'autres, au contraire, qualifiées d'adelphoparasites, dont l'appareil végétatif très réduit et indifférencié rappelle une tumeur, possèdent des organes reproducteurs très semblables à ceux de leur hôte, avec lequel ils ont parfois en commun des particularités cytologiques spécifiques. C'est le cas par exemple du Janczewskia verrucaeformis, parasite du Laurencia obtusa. On peut admettre que ces adelphoparasites tirent leur origine d'une mutation de la plante hôte, lui ayant fait perdre son aptitude à la photosynthèse, mutation qui n'a pu se perpétuer que par une sorte d'autoparasitisme sur l'espèce dont elle dérive ou sur des espèces voisines. Quelques Rhodophycées marines vivent en symbiose avec des Éponges qui les recouvrent entièrement. C'est ainsi que le Ceratodictyon spongiosum présente des rameaux enchevêtrés et anastomosés qui, à l'intérieur des tissus de l'Éponge, jouent le même rôle de soutien que le réseau de spongine des Éponges cornées auquel cette algue ressemble beaucoup.
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Écrit par
- Jean FELDMANN : professeur à la faculté des sciences de Paris
- Francis MAGNE : docteur ès sciences, professeur à l'université de Paris-VI
Classification
Médias
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