RHÔNE
Du Valaissuisse à la Camargue française, sur 812 kilomètres, le Rhône draine un bassin de 98 000 kilomètres carrés qui, traversant une région montagneuse soumise en partie aux influences méditerranéennes, lui vaut une variété de régimes unique au monde. Surtout alpestre, la chaîne et son rameau le Jura couvrent 64 500 kilomètres carrés ou les deux tiers de la surface réceptrice, auxquels il faut ajouter le rebord oriental du Massif central.
Près du dixième du bassin s'élève au-dessus de 2 000 mètres, alors qu'un quart dépasse 1 000 mètres et les trois quarts 500 mètres. À sa sortie de Suisse, à la cote 330, l'altitude moyenne égale 1 580 mètres. Pareil relief se fait sentir de toutes parts, d'abord dans la variété de la nature du sol ou de la lithologie. L'orogenèse a bouleversé et juxtaposé les roches cristallines et sédimentaires, marnes, calcaires, les unes imperméables, les autres favorables à l'écoulement souterrain à grande échelle (phénomènes karstiques du Jura et des Préalpes), certaines dures, d'autres tendres et affouillables. Deuxième effet : cette diversité de formations explique l'irrégularité et la vigueur des pentes du profil en long. Celui-ci monte de 0,30 mètre par kilomètre entre Sault-Brénaz et l'Ain à 0,75 mètre par kilomètres jusqu'à la Saône, descend vers l'Isère (0,50), reprend entre l'Isère et l'Ardèche (0,77), et garde de la force jusqu'à Avignon (0,43) pour se détendre après la Durance. Dernière conséquence, et non la moindre, les précipitations sont abondantes et dépassent 2 000 millimètres dans le Jura et les Préalpes ainsi qu'autour des crêtes intérieures. À ces altitudes, elles prennent la forme solide. La neige s'accumule et ne participe au drainage qu'avec la fusion de printemps. Une partie de cette neige nourrit les glaciers, dont la participation à l'écoulement est largement différée à l'échelle des mois (fin du printemps, début de l'été) et plus encore des années. Ces précipitations portent l'empreinte du climat océanique avec vents d'ouest humides. La zone méditerranéenne s'étend sur le tiers du bassin des Alpes méridionales au Vivarais et aux Cévennes. Des précipitations moins neigeuses, moins fréquentes, inexistantes en été, moins fournies mais plus brutales laissent présager un régime hydrologique violent et contrasté sur les affluents.
Le débit moyen du Rhône est d'une puissance remarquable (1 700 m3/s à Beaucaire), le premier en France et le second en Méditerranée, après le Nil. Ce débit varie du massif du Saint-Gothard à la Méditerranée avec des contrastes et des compensations dus à la complexité de chaque branche. Tous les régimes tempérés y apparaissent, sauf le nival de plaine : glaciaire à l'issue des appareils bernois, penniques, du Mont-Blanc, de la Vanoise et du Pelvoux avec fusion d'été et rétention d'hiver ; régimes nivo-glaciaire, nival pur (maximum de juin), nival de transition (mai ou avril et septembre), nivo-pluvial dans les Préalpes du Nord, pluvio-nival (le maximum d'automne dépasse celui du printemps) sur les Préalpes du Sud, pluvial dans la Saône.
Au gonflement estival avant le lac Léman et après l'Arve succède le nivellement à l'entrée de Lyon. Après la Saône, renversement : par évapotranspiration les mois chauds, de juillet à octobre, le débit diminue. L'Isère atténue et la Durance aggrave la tendance. Les valeurs moyennes du débit absolu dépassent légèrement 500 mètres cubes par seconde à Sault-Brénaz, avant l'Ain, 1 000 mètres cubes par seconde à Lyon, avec la Saône, 1 500 mètres cubes par seconde au Teil après l'Isère mais avant l'Ardèche et la Durance. En litres par seconde et par kilomètre carré, on relève plus de 30 jusqu'à l'entrée à Lyon, plus de 20 au Teil, à cause[...]
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Écrit par
- Jean de BEAUREGARD : professeur à l'université de Montréal
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Média
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