RHÔNE-ALPES
Des terroirs aux territoires
Le tourisme vert renouvelle l'économie des terroirs ruraux, à côté d'une agriculture dont la place est globalement modeste. La région ne compte que pour 5,6 p. 100 de la surface agricole utile (S.A.U.) du pays contre 12 p. 100 de la surface non agricole, et la S.A.U. ne représente que 36 p. 100 de la surface totale rhônalpine (contre 53,7 p. 100 en moyenne en France) : l'importance des « espaces de nature » montagnards, sanctuarisés notamment dans les parcs nationaux de la Vanoise et des Écrins, en est la cause. Seuls deux domaines se distinguent par leur place dans les productions nationales : la viticulture et les fruits à noyau dans la vallée du Rhône (cerise, pêche, abricot). En matière viticole, deux modèles de développement se distinguent nettement : celui du Beaujolais, qui anticipa bien avant l'heure l'économie mondialisée, fut dans les années 1970-1980 une indiscutable réussite commerciale avant de connaître les excès du productivisme et d'affronter aujourd'hui une grave crise liée à la désaffection de la clientèle ; celui des côtes du Rhône du nord, fondé au contraire sur une dynamique de développement local et l'adaptation de méthodes viticoles traditionnelles privilégiant la qualité, a redonné à des produits qui avaient pratiquement disparu une place de choix sur les grandes tables du monde entier. Cet exemple a été suivi par les vignobles plus modestes de Savoie ou du Lyonnais, avec une incontestable réussite. Le renouveau des produits de terroir sous appellation (soixante A.O.C.) ou label de qualité comme moteur du développement rural est particulièrement favorable à Rhône-Alpes : derrière l'immense notoriété de la volaille de Bresse ou du reblochon savoyard, une forêt de produits laitiers ou fruitiers (picodon de la Drôme, olives de Nyons...) sont les vecteurs d'une polyculture renouvelée, où le secteur en plein développement de l'agriculture biologique (Drôme) joue un rôle clé. Les huit parcs naturels régionaux et les nombreux « pays » qui s'organisent aujourd'hui sont les territoires émergents d'un mode de développement qui tente d'équilibrer protection environnementale et polyactivité agricole, artisanale et touristique.
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Écrit par
- Franck SCHERRER : agrégé de géographie, professeur de géographie, aménagement de l'espace et urbanisme à l'université Lyon-II
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