RHYTINE DE STELLER
Classification
La rhytine de Steller (Hydrodamalis gigas) appartient à l’ordre des Siréniens comprenant de nos jours les lamantins et les dugongs. Elle était toutefois plus imposante en taille et en poids que ces derniers. Son nom de « rhytine », issu du grec signifiant « plissement », lui fut attribué par Georges Cuvier (1769-1832) à cause des nombreux replis cutanés de sa peau. Ces replis abritaient des crustacés parasites qui auraient disparu avec elle.
Les trois espèces du genre Hydrodamalis (dont la rhytine de Steller) ainsi que les trois espèces alors éteintes du genre Dusisiren, leurs ancêtres du miocène (ayant vécu entre 12 et 8 millions d’années), font partie des Hydrodamalinae (Hydrodamalinés), une sous-famille des Dugongidae (Dugongidés). Les Hydrodamalinés fréquentaient les eaux côtières froides du Pacifique nord, leur répartition géographique s’étendant du Japon à la Californie. Seule la rhytine de Steller a survécu jusqu’au xviiie siècle. La rhytine ne possédait pas de dents, mais des plaques masticatrices lui permettant de broyer les algues dont elle se nourrissait. Elle se caractérisait donc aussi par une réduction des doigts.
Il semble que la rhytine ait donné vie à la légende des sirènes nordiques à queue de poisson, alors que celles de la mythologie grecque étaient représentées avec un corps d’oiseau. Les lamantins observés dans les Antilles par les marins de Christophe Colomb n’ont certainement pas manqué d’évoquer pour ces derniers les fameuses sirènes, à l’origine de la dénomination de l’ordre des Siréniens auquel la rhytine sera rattachée.
Quelques rares squelettes subsistent à travers le monde. Deux sont visibles en France. L’un, présent dans la galerie d’Anatomie comparée du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, est composite : il fut reconstitué à partir des restes de plusieurs individus et assemblé pour l’Exposition universelle de 1900. Ses membres antérieurs se terminent par une large main aux doigts développés. Cette erreur de montage est liée à l’ignorance de l’existence du crochet décrit par Georg Wilhelm Steller. L’autre squelette, non composite, est visible au musée des Confluences de Lyon, offert par Alexandre Laurence de Lalande, consul de France à San Francisco, qui l’avait reçu en 1896 de Nicolas Prebnitsky, gouverneur des îles du Commandeur.
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Écrit par
- Christine ARGOT : maître de conférences, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
- Luc VIVÈS : coresponsable des galeries d'anatomie comparée et de paléontologie du Museum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
Autres références
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DUGONG
- Écrit par Marie-Claude BOMSEL
- 493 mots
Gros herbivore marin, au corps lourd mais fuselé, peuplant les zones côtières de l'océan Indien ainsi que celles de la mer Rouge et du sud-ouest de l'océan Pacifique. Classe : Mammifères ; ordre : Siréniens ; famille : Dugongidés.
Seul représentant actuel des Dugongidés, le...