FULLER RICHARD BUCKMINSTER (1895-1983)
Le dôme géodésique
Voulant repenser de façon définitive le problème du transport, il met au point un véhicule terrestre, l'auto-dymaxion à trois roues (1933-1934), aux lignes aérodynamiques révolutionnaires mais qui restera un prototype de laboratoire, irréalisable en série, compte tenu des exigences de la production automobile. Ce n'est pas un hasard également si la seule véritable application de « Dymaxion House » a été un abri d'urgence pour l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
Parallèlement à la mise au point de ses « machines », Fuller poursuit inlassablement ses recherches théoriques et expérimentales sur la géométrie et les structures. Sa géométrie « énergétique » date de 1917 et son premier modèle de tensegrity (barres comprimées et câbles tendus en équilibre) de 1927.
Comme Robert Le Ricolais, il développera ses maquettes avec les étudiants des grandes universités dont il fait le tour comme visiting professor. Pour cette génération d'étudiants architectes, ce type de dôme représente une alternative radicale à leur savoir traditionnel : abri géant adaptable à tout programme collectif ou au contraire coquille individuelle chère aux ermites bâtisseurs californiens. La réalisation à grande échelle, sur les pelouses des campus, de coupoles en tubes, en câbles ou en carton constitue pour les étudiants de cette décennie utopiste un rite de passage obligé. Fuller a toujours appuyé ses réalisations techniques les plus minutieuses sur une philosophie personnelle et anticonformiste mêlant éthique et théories scientifiques et économiques. Il dépose le projet de dôme géodésique en 1942 mais ne réalise le premier qu'en 1952, un restaurant de 18 mètres de diamètre à Woods Hole (Mass.). Utilisant des tétraèdres combinés en icosaèdres de vingt faces formées de barres d'aluminium recouvertes de plastique ou de fibres de verre, les dômes atteignent des tailles croissantes et répondent à des usages multiples. Après celui de la Ford Company à Dearborn (Mich., 1953) et le centre de loisir de Hawaii de 48 mètres de diamètre (1956), le plus vaste atteint 120 mètres de portée, record du monde : c'est l'Union Tank Car Company, à Baton Rouge, en 1958. En 1967, Fuller atteint la consécration avec le pavillon américain à l'exposition de Montréal, d'un diamètre de 76 mètres à l'arrondi plus accentué, qui laisse prévoir un passage du dôme à la sphère géodésique.
Des dimensions plus importantes étant envisageable, Fuller a même proposé de recouvrir Manhattan d'une coupole de 3,5 km de diamètre, baptisée Climatron.
Fuller n'a été admis qu'en 1975 dans l'Association des architectes américains alors que son œuvre comme penseur et constructeur, même si elle conteste radicalement le système des valeurs de l'architecture, a influencé toutes les avant-gardes européennes.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François LAISNEY : professeur à l'université Louis-Pasteur, Strasbourg, architecte DPLG, urbaniste IUUP
Classification
Médias
Autres références
-
ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture, sciences et techniques
- Écrit par Antoine PICON
- 7 914 mots
- 6 médias
...C'est à cette réintégration que vont pourtant s'atteler toute une lignée d'architectes, d'ingénieurs et d'autodidactes, comme Jean Prouvé ou Buckminster Fuller, qui cherchent à renouer avec une certaine pureté de l'invention constructive. La beauté des profilés métalliques conçus par Prouvé ou le caractère... -
ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Acier
- Écrit par Philippe BOUDON
- 3 257 mots
- 9 médias
...la pesanteur par un record de hauteur. Plus près de nous, le pavillon des États-Unis à l'exposition de Montréal, « radôme » géodésique de Buckminster Fuller, nous donne l'expression parfaite, elle aussi presque symbolique, de cette architecture de légèreté, autonome par rapport au sol, simplement ... -
ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle
- Écrit par Joseph ABRAM , Kenneth FRAMPTON et Jacques SAUTEREAU
- 11 661 mots
- 17 médias
...l'œuvre de trois hommes : Ludwig Mies van der Rohe avec son culte ascétique du beinahe nichts, c'est-à-dire du « presque rien », R. Buckminster Fuller et son principe, nommé dymaxion, d'obtenir l'effet maximal avec le minimum de moyens, et Konrad Wachsmann, dont l'intérêt pour les procédés... -
RATIONALISTE ARCHITECTURE
- Écrit par Jean-Louis AVRIL
- 4 312 mots
- 2 médias
...nourrie des inventions des ingénieurs les plus créatifs et des travaux de personnalités situées à mi-chemin entre l'ingénieur et le plasticien, tels Jean Prouvé (1901-1984) et Richard Buckminster Fuller (1895-1983) qui n'ont pas hésité à donner aux « machines à habiter » leur premier visage.