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COWPER RICHARD (1926-2002)

Richard Cowper est le pseudonyme utilisé par l'écrivain britannique John Middleton Murry Jr. pour son œuvre de science-fiction, constituée d'une douzaine de romans et de quatre recueils de nouvelles, pour la plupart traduits en français.

Fils de John Middleton Murry – critique reconnu, biographe de Katherine Mansfield, dont il fut le second mari, fondateur de plusieurs revues et personnalité éminente de l'intelligentsia littéraire britannique pendant l'entre-deux-guerres –, il débute comme professeur d'anglais. En 1953, il publie sous le nom de Colin Murry son premier roman, The Golden Valley, qui se situe dans le droit fil de la littérature générale ; suivront Recollections of a Ghost en 1960 et A Path of the Sea en 1961.

Déçu par le succès mitigé que rencontrent ces premières tentatives, il publie alors en 1967 Breakthrought, son premier roman de science-fiction, sous le pseudonyme de Richard Cowper, et enchaîne en 1968 avec Les Cavernes du sommeil (un conte cruel sur les « séductions » de la vie cryogénisée), puis avec Domino (1971). En 1970, il abandonne l'enseignement pour se consacrer entièrement à l'écriture. Clone (1972) est son premier véritable succès, une satire anti-utopique d'inspiration voltairienne qui lui ouvre les portes du marché américain. Avec Deux Univers (1974), à la fois savoureuse parodie des clichés en usage dans la science-fiction et réflexion subversive sur la création littéraire, Richard Cowper renoue avec la veine humoristique.

Richard Cowper va donner ses œuvres majeures en abordant le roman postcataclysmique, un thème typiquement britannique lié à l'insularité : que l'on songe au Dernier Homme de Mary Shelley, à La Guerre des mondes de Wells – que Murry Jr. rencontra lorsqu'il était enfant –, aux Triffides de John Wyndham, au Monde englouti de James Ballard).

Le Crépuscule de Briareus (1974) se situe sur une Terre future, balayée par les radiations d'une supernova qui provoquent tornades et typhons, et rendent stériles la quasi-totalité des survivants. Mais les quelques enfants qui naissent sont doués d'étranges pouvoirs psychiques... Ce livre poétique et teinté d'une certaine spiritualité annonce le chef-d'œuvre de Richard Cowper, L'Oiseau blanc de la fraternité, une trilogie composée de La Route de Corlay (1978), La Moisson de Corlay (1981) et Le Testament de Corlay (1982). Dans une Europe du début du quatrième millénaire retournée à des mœurs moyenâgeuses à la suite d'une série de catastrophes écologiques nées de la folie des hommes, l'Église détient le pouvoir politique, faisant régner un ordre social très strict. Tout ce qui est beau et artistique devient suspect. Cette théocratie sournoise et brutale est menacée par le culte de l'Oiseau blanc, révélé par Thomas le joueur de pipeau. Par son contexte, cette trilogie n'est pas sans rappeler le Cantique de Leibowitz de Walter Miller. Mais l'œuvre de Cowper, « tapisserie lumineuse tissée avec les fils de l'espace et du temps », en diffère par ses résonances subtiles et magiques qui la colorent de fantasy.

Sur le thème des mondes postatomiques, on retiendra aussi Kuldesak (1972) et Profundis (1979). Quant aux recueils de nouvelles (Les Gardiens, 1976 ; Le Réseau des mages, 1980 ; Le Facteur Tithonien, 1984), ils permettent de mettre en valeur les différentes facettes du talent de l'auteur : récits en demi-teinte, humour léger, sens de la psychologie, personnages pétris d'humanité, tonalité spiritualiste et poétique, grande richesse d'écriture.

Toutes qualités qui font de Richard Cowper un des auteurs de science-fiction les plus marqués par la littérature, dans la lignée d'un Robert Silverberg.

— Denis GUIOT

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