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CRASHAW RICHARD (1612 ou 1613-1649)

Fils d'un puritain passionné, Crashaw commença à étudier la rhétorique et l'art poétique à la Chartreuse de Londres. Selon Lloyd, son premier biographe (Mémoires, 1668), Robert Brook, directeur de la Chartreuse, à qui Crashaw rend hommage dans un poème placé en exergue à ses Épigrammes sacrées (1634), lui fit découvrir « les meilleurs orateurs et poètes » et l'entraîna à la pratique poétique à l'aide d'exercices d'imitation.

À partir de 1631, à Cambridge, Crashaw commença l'étude du grec, du latin, de l'hébreu, de l'espagnol et de l'italien. Il y écrivit, peu après son arrivée, quelques poèmes élégiaques et publia en 1634 l'Epigrammatum sacrorum liber (Livre d'épigrammes sacrées), recueil de poèmes en latin inspirés des Écritures où les convictions anglo-catholiques (High Church) du poète s'affirment très sensiblement. Par ailleurs, le compliment placé en tête des Épigrammes adressé à son maître Tournay, partisan convaincu de l'anglo-catholicisme, et les critiques qu'il fit l'année suivante des puritains qui voyaient dans le pape l'Antéchrist, témoignent de l'orientation nouvelle de sa pensée religieuse. Il fut d'ailleurs élu « fellow » en 1635 à Peterhouse, bastion de l'anglo-catholicisme.

En 1643, avec la guerre civile, Crashaw, royaliste convaincu, préféra quitter Cambridge avant d'y être contraint par les puritains. Il se rendit alors en Hollande, à Leyde, pour y retrouver une communauté religieuse. Il regagna cependant l'Angleterre en 1644 et y rencontra la comtesse de Denbigh, de la suite de la reine Henriette Marie, qu'il accompagna l'année suivante à Paris. 1645 est aussi la date probable de sa conversion au catholicisme. Il retrouva en France le poète Abraham Cowley qu'il avait connu à Cambridge et qui admirait en Crashaw et son génie poétique et la force de ses vertus chrétiennes. Crashaw publia en 1646 Les Marches du temple, poèmes sacrés, écrits en anglais, suivis des Plaisirs des Muses, d'inspiration plus séculière, où des poèmes de circonstances (célébrations de naissances, épithalames, épitaphes) y côtoient des traductions de poèmes italiens ou latins ou encore des poèmes à sujet mythologique.

En 1648, Crashaw publia de ces mêmes œuvres une édition augmentée de poèmes en latin pour la plupart, à l'exception de quelques-uns en anglais, dont un vibrant hommage aux Fleurs poétiques de Cowley dont les choix d'écriture, comme celui de vers irréguliers dans la poésie lyrique, étaient parfois proches de ceux de Crashaw.

En 1647, Crashaw, qui avait obtenu de la reine Henriette Marie une chaude recommandation auprès du pape, se rendit en Italie. Malgré cela, il ne trouva qu'un emploi de secrétaire auprès du cardinal Palotta en 1647. Il devint cependant chanoine de la cathédrale de Lorette et mourut dans cette ville le 21 août 1649. En 1652 furent publiés à Paris sous le titre Carmen Deo nostro de nouveaux poèmes sacrés, illustrés de douze dessins de Crashaw. Remarquons parmi ces poèmes Le Cœur enflammé consacré à Thérèse d'Ávila, dont Coleridge affirma qu'il lui avait entièrement inspiré la seconde partie de Christabel.

Assez peu connu en dehors du cercle de Cambridge où il jouit d'une estime considérable de 1631 à 1643, jusqu'à la parution des Marches du temple, Crashaw fut célébré par Cowley dans son élégie « Sur la mort de M. Crashaw » mais tomba dans un oubli relatif au xviiie siècle jusqu'à ce qu'il fût reconnu par les romantiques, en particulier Shelley et surtout Coleridge. Pourtant, nourri des mystiques italiens et espagnols, profondément marqué par l'esthétique baroque et aussi attaché au culte de la Vierge et des saints que peut l'être un nouveau converti, parfois sublime, parfois grandiloquent, Crashaw fait entendre une voix[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur de troisième cycle, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, maître de conférences à l'université d'Amiens, École supérieure de chimie

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  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

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    ...applications morales de l'aménagement d'une église (The Temple, 1633), donne à la manière métaphysique un coloris dévot et parfois terre-à-terre ; Richard Crashaw (1612-1649), dans Les Marches du temple (Steps to the Temple, 1646), combina l'inspiration de Donne avec le concettismo plus sensuel...
  • MÉTAPHYSIQUES POÈTES

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    Tout est solide dans l'univers de Donne et de Herbert ; rien ne l'est dans celui de Crashaw (1612-1649) qui prétend n'ajouter au « temple » que d'humbles « marches » (Steps to the Temple, recueil suivi de Carmen Deo nostro). L'eau, l'air, le feu sont ses éléments. Non pas l'eau lustrale,...