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DESCOINGS RICHARD (1958-2012)

Haut- fonctionnaire français, conseiller d'État, Richard Descoings a dirigé Sciences Po (l'Institut d'études politiques de Paris, I.E.P.) de 1996 à sa mort, survenue le 3 avril 2012, alors qu'il n'avait que cinquante-trois ans. Les réformes qu'il a initiées ont profondément transformé cette institution : hausse des droits d'inscription, allongement de la scolarité, internationalisation et triplement des effectifs ont eu pour but explicite de concurrencer les grandes universités étrangères. Le succès incontestable de cette politique s'est accompagné de controverses. Après la mort de Richard Descoings certains aspects de sa gestion ont été mis en cause.

Né le 23 juin 1958 dans une famille de la bourgeoisie protestante, Richard Descoings suit sa scolarité dans les grands lycées parisiens (Montaigne, Louis-le-Grand, Henri-IV) avant d'être admis en 1977 à l'I.E.P. Il passe par la prestigieuse filière Service public, mais n'intègre l'École nationale d'administration qu'à sa troisième tentative, en 1983 (promotion Léonard de Vinci). À sa sortie en 1985, il devient auditeur au Conseil d'État.

Dès les années 1980, il multiplie les activités, notamment à l'I.E.P. : il y enseigne le droit public ; en 1987, il est nommé chargé de mission auprès du nouveau directeur, Alain Lancelot (directeur de l'I.E.P. de 1987 à 1996), puis directeur-adjoint en 1989. Il demeure deux ans à ce poste, avant de faire un bref passage dans les cabinets ministériels : conseiller technique au cabinet du ministre Michel Charasse (Budget), puis chargé de mission sur les questions budgétaires auprès de Jack Lang (Éducation nationale).

L'alternance de 1993 le ramène au Conseil d'État, mais il est pressenti pour prendre la succession d'Alain Lancelot : membre du conseil de direction de l'I.E.P. en 1995, il en devient directeur en 1996. Il a trente-huit ans.

Commence alors une histoire qui va durer seize ans, fera de lui un personnage public, et transformera de fond en comble une institution un peu poussiéreuse. Alain Lancelot avait déjà lancé des réformes de fond, notamment sur les droits d'inscription. Richard Descoings accélère le train des réformes. Ses maîtres mots sont la taille critique et l'internationalisation. Les chiffres en témoignent : en 2012, le nombre d'étudiants a triplé (douze mille) et 46 p. 100 d'entre eux ne sont pas de nationalité française. L'I.E.P. a signé des partenariats avec quatre cents universités dans le monde et délivre trente-cinq doubles-diplômes.

L'organisation de l'institution change profondément. Anticipant sur le format « L.M.D. » (licence, master, doctorat) qui s'impose à toute l'université de 2003 à 2006, la durée des études passe à cinq ans et la recherche se développe à marche forcée avec la création de nouveaux laboratoires et de centres de recherche. De 2007 à 2011, le budget consacré à la recherche passe de 41 à 53 millions d'euros. Des campus spécialisés sont créés en province, pour le premier cycle. L'I.E.P. s'allie avec des universités parisiennes au sein d'un pôle de recherche et d'enseignement supérieur, Sorbonne Paris Cité (2010), labellisé Initiative d'excellence en 2011.

Cette trajectoire spectaculaire s'accompagne de débats. Certains portent sur les programmes (place de l'histoire, de la culture générale). L'annonce de la suppression de l'épreuve de culture générale en 2011 fait grand bruit. Sciences Po dit vouloir s'appuyer sur la culture véritable des étudiants (notamment grâce aux épreuves d'histoire, de mathématiques, de philosophie-littérature et de langue vivante), plutôt que sur un simple vernis culturel. D'autres débats portent sur le profil des étudiants. Pour modifier la composition de la population étudiante où les classes supérieures[...]

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