FLEISCHER RICHARD (1916-2006)
Né le 8 décembre 1916, dans le quartier de Brooklyn, à New York, le réalisateur américain Richard Fleischer est le fils de Max et le neveu de Dave Fleischer, pionniers du dessin animé qui, avec les Cartoons des séries « Out of the Inkwell », « Betty Boop » et « Popeye », furent, dans les années 1920 et 1930, les plus sérieux concurrents de Walt Disney. Après des études de médecine, Richard Fleischer étudie l'art dramatique à la Yale University. En 1937, il crée, avec quelques-uns de ses condisciples, la compagnie Arena Players. Une de ses mises en scène ayant attiré l'attention sur lui, il est pris sous contrat par R.K.O. en 1942. La firme lui confie d'abord le montage des actualités Pathé puis, à partir de 1943, la réalisation de courts-métrages pour les séries « This is America » et « Flicker Flasbacks ».
En 1946, Richard Fleischer passe au long-métrage. En sept ans, il signe huit films pour R.K.O. et trois pour d'autres firmes auxquelles il a été « prêté » ; tous sont de catégorie B, pour l'essentiel des films noirs traités sur un mode documentaire, parmi lesquels il faut citer Bodyguard (1948), Follow Me Quietly (L'Assassin sans visage, 1949), Armored Car Robbery (1950) et, surtout, The Narrow Margin (L'Énigme du Chicago Express, 1952). Il y fait preuve d'une totale maîtrise technique, d'une grande rigueur dans le découpage et d'un sens aigu de l'espace, ainsi que de l'inscription du mouvement dans cet espace.
En 1952, Richard Fleischer quitte R.K.O. Après deux films pour Columbia et M.G.M., Walt Disney lui propose la direction d'un de ses projets les plus ambitieux : 20,000 Leagues Under the Sea (Vingt mille lieues sous les mers, 1954) ; il y révèle sa capacité à maîtriser de gros budgets et des moyens techniques imposants. Il est ensuite engagé par 20th Century Fox pour laquelle, de 1955 à 1960, il signe plusieurs œuvres majeures dans des genres divers : Violent Saturday (Les Inconnus dans la ville, 1955), The Girl in the Red Velvet Swing (La Fille sur la balançoire, 1955), Between Heaven and Hell (Le Temps de la colère, 1956) et These Thousand Hills (Duel dans la boue, 1959), auxquelles s'ajoutent, pour Artistes Associés, Bandido (Bandido caballero, 1956) et The Vikings (Les Vikings, 1958). Outre les qualités mentionnées, ces films se caractérisent par un rythme lent mais sans temps morts, par une violence sèche qui se manifeste sous forme d'explosions perturbant le caractère apparemment « lisse » de la facture, par des personnages ambigus, aux motivations difficiles à cerner, et par la révélation d'une réalité peu amène derrière des apparences de respectabilité.
Déçu par les deux derniers films, aux scénarios médiocres, que lui a confié Darryl F. Zanuck pour mettre en valeur Juliette Gréco, son égérie du moment, Richard Fleischer s'installe en Europe. Il y met en scène, pour Dino De Laurentiis, l'une des meilleures superproductions historiques : Barabba (Barabbas, 1961). Mais les projets sur lesquels il travaille sont finalement dirigés par d'autres ou abandonnés. Si bien qu'après cinq ans passés sans avoir réalisé le moindre film, il retourne aux États-Unis où il met son savoir-faire au service de la Fox, qui a changé de mains, pour quatre films spectaculaires, dont Fantastic Voyage (Le Voyage fantastique, 1966) et Tora ! Tora ! Tora ! (1970), et un film criminel, The Boston Strangler (L'Étrangleur de Boston, 1968).
Après avoir signé, au Royaume-Uni, une autre « radiographie » d'une affaire criminelle, Ten Rillington Place (L'Étrangleur de Rillington Place, 1971), et un thriller, Blind Terror (Terreur aveugle, 1971), Richard Fleischer entreprend une série de films qui, situés dans un groupe social déterminé, comme à huis clos, décrivent des sociétés autodestructrices dont les protagonistes[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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