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HAMILTON RICHARD (1922-2011)

Le « Big Daddy of Pop » (M.G. McNay) ?

À partir de 1966, Hamilton abandonne ses différentes charges d'enseignement, ainsi que ses fonctions de designer d'exposition, pour se consacrer entièrement à la création. L'ampleur de ses activités de diffusion et de pédagogue ne doit pas éclipser l'importance de son œuvre picturale. Après avoir entamé, au début des années 1950, une réflexion sur l'abstraction géométrique, Hamilton réagit rapidement aux mutations profondes de la société de son temps en ouvrant sa peinture aux objets du quotidien et à une réflexion approfondie sur la place qu'y tiennent les moyens de communication alors en plein essor. Il participe activement à l'élaboration de ce que le critique Lawrence Alloway a baptisé « pop art » et dont le peintre livre en 1957 cette définition : « Le pop art est : populaire (conçu pour un public de masse)/ transitoire (solution à court terme)/ jetable (facilement oublié)/ bon marché/ produit en série/ jeune (destiné à la jeunesse)/ spirituel/ sexy/ plein d'astuces/ séduisant/ un commerce juteux. » Par son iconographie novatrice, le collageJust what is it that Makes Today's Homes so Different, so Appealing ? (Qu'est-ce qui rend les intérieurs d'aujourd'hui si différents, si séduisants ?, 1956), reproduit dans le catalogue de This is Tomorrow et ayant servi d'affiche à l'exposition, fait figure de manifeste de cette tendance née en Grande-Bretagne et largement diffusée aux États-Unis. Une telle attention au quotidien découle tout autant, pour Hamilton, de la lecture de James Joyce qui n'a cessé de l'accompagner depuis ses premières illustrations de l'Ulysse en 1948 jusqu'aux gravures réalisées en 1981, que de sa réflexion picturale sur la mutabilité du langage et sur les rapports entre la forme et le message.

Science et technique occupent chez lui, de par sa formation, une importante part dans sa conception de la peinture, qui tend d'abord un miroir flatteur à la décennie des Fabulous Fifties, avant d'endosser des positions nettement plus critiques à l'égard des pouvoirs en place, en particulier pendant le thatchérisme et sur la question irlandaise. Car l'artiste produit une œuvre profondément engagée dans les questionnements de son temps. La lecture d'études concernant le mouvement et la perception (d'Étienne Jules Marey à James J. Gibson) irrigue ses recherches en matière d'intégration du spectateur à l'œuvre. Les réseaux de ses amitiés artistiques fondent une création ouverte sur les collaborations, en particulier avec Dieter Roth. De son intérêt, très tôt affirmé, pour la photographie découle un goût pour l'association des techniques, renouvelée dans les années 1980 au contact du Polaroïd (autoportraits) et de l'ordinateur. Cette dimension expérimentale reflète sa constante prise en compte des processus de création, au-delà de la variété des formes et des styles qui semble caractériser son œuvre.

— Guitemie MALDONADO

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  • POP ART

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    ...nouvelle génération en rupture avec les idées de Read et la culture élitiste. Il comprenait, entre autres, le critique Lawrence Alloway et les artistes Richard Hamilton, Eduardo Paolozzi et William Turnbull. Ce groupe s'intéressait aux effets de la société moderne et de la communication de masse sur la...