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RICHARD III (mise en scène T. Ostermeier)

Depuis qu’il a découvert Shakespeare à l’âge de dix-sept ans, Thomas Ostermeier voue une véritable passion au dramaturge, dont il a mis en scène Le Songe d’une nuit d’été (2006), Othello(2010), Mesure pour mesure (2011)à la Schaubühne de Berlin, qu’il codirige depuis 1999. Autant de manifestations d’une quête faite d’interrogations, de réflexions et d’éclairages sur certains aspects de l’œuvre shakespearienne, en considérant que « le théâtre constitue un moyen de comprendre le monde ». Pour y parvenir, Ostermeier défend la notion de « théâtre réaliste engagé », en partant « du constat que le comportement des gens les uns envers les autres se transforme en relation aux mouvements sociaux qui les entourent » (Le Théâtre et la peur, Actes Sud, 2016). Sa version de Hamlet, présentée dans la cour d’honneur du palais des Papes lors du festival d’Avignon 2008, en portait témoignage. Introduite symboliquement par l’enterrement sous la pluie et dans la boue du roi du Danemark, prélude au mariage de Claudius et Gertrude, la tragédie, dépouillée de son romantisme, montrait surtout, dans la radicalité de sa représentation et ses différentes tonalités, un monde corrompu laissant désemparées les nouvelles générations.

Le pouvoir à l’état pur

Pour cette nouvelle création de Richard III en 2014, à Berlin, présentée l’année suivante au festival d’Avignon avant d’être reprise en tournée mondiale, notamment à l’Odéon-Théâtre de l’Europe en 2017, Thomas Ostermeier a demandé une traduction en prose, largement élaguée et ardente, au dramaturge allemand Marius von Mayenburg. La représentation se déroule dans un espace conçu par Jan Pappelbaum, porteur d’une filiation d’esprit avec le Théâtre du Globe de Londres. Il s’agit d’une arène semi-circulaire ouverte, au sol d’aspect terreux, adossée à une paroi verticale composée de matériaux d’usage courant, équipée d’une passerelle-balcon servant également d’aire de jeu, qui suggère par son positionnement une hiérarchie sociale très présente dans la pièce, dans une relation de proximité souhaitée avec le public. Cette scénographie constitue un environnement suggestif, intemporel et fonctionnel, pour cette dernière tragédie de la première tétralogie historique de Shakespeare. Une œuvre de jeunesse, donc, publiée pour la première fois en 1597 et qui, à partir de chroniques historiques, évoque, au cœur de la guerre des Deux-Roses, la trajectoire du duc de Gloucester, frère cadet du roi Édouard IV. Laid et bossu, rejeté dès l’enfance par sa mère, puis par ses pairs, il se révèle monstrueux et sanguinaire dans sa quête du pouvoir royal, pour laquelle il conspire et assassine frère, famille et courtisans. Son objectif atteint, proclamé roi, Richard meurt quelque temps plus tard sur le champ de bataille de Bosworth, après s’être exclamé, pour tenter de combattre jusqu’au bout et survivre, ce qui deviendra la célèbre et emblématique réplique de la pièce : « Mon royaume pour un cheval. »

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Lars Eidinger dans <em>Richard III</em>, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier - crédits : Boris Horvat/ AFP

Lars Eidinger dans Richard III, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier