RICHARD III, William Shakespeare Fiche de lecture
Le drame historique intitulé La Tragédie du roi Richard III (publiée pour la première fois en 1597) est le dernier volet de la première tétralogie shakespearienne (comprenant les trois parties d'Henry VI), fresque historique qui retrace les luttes fratricides de la guerre des Deux-Roses, entre les Lancastre et les York, aux xiiie et xive siècles. Inspirée de sources historiques (notamment Thomas More ou John Holinshed), cette pièce de William Shakespeare (1564-1616) reprend à son compte une partie des éléments de la propagande Tudor qui visait à célébrer la légitimité d'Henri VII, ancêtre d'Élisabeth Ire et vainqueur de Richard III. Mais le traitement ambigu du personnage de Richard, séducteur fascinant en dépit de sa noirceur, fait du drame historique une tragédie complexe, un long et sanglant processus de purification où la mise à mort du bourreau mènera peut-être à l'instauration d'un monde meilleur.
Une sanglante purification
La pièce s'ouvre sur une fin de règne marquée par des querelles dynastiques : Édouard IV, le vainqueur d'Henri VI, se meurt et ses héritiers s'entre-déchirent. Le drame retrace alors la conquête inexorable du pouvoir par Richard, duc de Gloucester (frère d'Édouard et futur Richard III) qui balaiera tous les obstacles sur sa route. Ses premiers actes nous le présentent sous un jour monstrueux : il conquiert lady Anne, veuve du prince de Galles qu'il a assassiné, au milieu même des funérailles ; il fait assassiner son propre frère Clarence, crime dont il fait porter la responsabilité à la reine pour diviser son entourage (acte I). Avec une grande habileté politique, il se débarrasse successivement de tous ses ennemis, en les dressant les uns contre les autres : les parents et amis de la reine, puis Hastings (son comparse jusque-là) sont exécutés. Richard peut s'emparer de la couronne à la fin de l'acte III, qui marque l'apogée de son ascension. Mais peu après le meurtre des jeunes fils d'Édouard IV qu'il a ordonné en secret, Richard semble perdre la maîtrise de la situation : on annonce que ses ennemis, en fuite, ont rejoint en Bretagne Richmond, l'héritier des Lancastre, et qu'ils se sont engagés dans la reconquête du royaume. Richard, qui a entre-temps fait disparaître sa femme, tente de conclure une alliance stratégique de plus, en projetant d'épouser sa propre nièce Élisabeth, secrètement promise à Richmond. La situation se dégrade encore, jusqu'à la bataille de Bosworth à l'acte V, qui se solde par la défaite de Richard III. Malgré un courage exemplaire, il meurt de la main de Richmond, le justicier qui, innocent de tout crime, pourra régénérer le royaume sous le nom d'Henry VII, scellant sur le champ l'union des Lancastre et des York par son mariage avec Elisabeth.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Line COTTEGNIES : agrégée d'anglais, ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, maître de conférences à l'université de Paris-VIII-Saint-Denis
Classification
Médias
Autres références
-
RICHARD III (mise en scène T. Ostermeier)
- Écrit par Jean CHOLLET
- 913 mots
- 1 média
Depuis qu’il a découvert Shakespeare à l’âge de dix-sept ans, Thomas Ostermeier voue une véritable passion au dramaturge, dont il a mis en scène Le Songe d’une nuit d’été (2006), Othello(2010), Mesure pour mesure (2011)à la Schaubühne de Berlin, qu’il codirige depuis 1999. Autant...