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RICHARD III (mise en scène T. Ostermeier)

Entre horreur et séduction

Lars Eidinger dans <em>Richard III</em>, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier - crédits : Boris Horvat/ AFP

Lars Eidinger dans Richard III, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier

Si, pour cette nouvelle version, Thomas Ostermeier met en évidence les rouages et les intrigues politiques, il concentre aussi logiquement sa mise en scène virtuose et organique autour du personnage central omniprésent en variant les registres dramatiques, passant du tragique au comique, dans un réalisme stylisé. Richard ne semble pas seulement animé de pulsions monstrueuses. Dans son mépris des lois divines et humaines, il cherche aussi à séduire, tente d’être aimé sans y parvenir. Pris au piège d’un cruel engrenage, le personnage apparaît révélateur des pulsions secrètes inscrites dans une humanité universelle et qui, lorsqu’elles se révèlent, transgressent violemment les frontières conventionnelles du bien et du mal. Accompagné des excellents acteurs de la Schaubühne – dont Moritz Gottwald (Buckingham), Jenny König (Lady Anne), Robert Beyer (qui tient, entre autres, le rôle de la reine Margaret) –, Lars Eidinger, qui fut un stupéfiant interprète de Hamlet, est magistral dans le rôle-titre etconfirme sa stature de grand comédien shakespearien. Claudiquant sous sa prothèse dorsale et son corset orthopédique, la tête sanglée de cuir, équipé d’un micro descendu des cintres auquel il se suspend parfois, avec caméra et lampe lui éclairant le visage, il raconte son histoire à travers tout le poids de son corps et de sa gestuelle, en prenant le public à témoin. Et, lorsque, vaincu, il s’élève, pendu par une jambe, comme emporté par l’étrier de son destrier, son départ de la Terre semble se situer entre ciel et enfer, offrant une forte image symbolique. Aux côtés des interprètes, les vidéos de Sébastien Dupouey, les marionnettes manipulées à vue par deux comédiens figurant les spectres des enfants d’Édouard et les musiques rock de Nils Ostendorf, partiellement accompagnées sur scène par le percussionniste Thomas Witte, contribuent à l’aboutissement d’une création théâtrale fascinante et qui restera dans les annales. Comme Shakespeare à son époque, Ostermeier parle de notre temps avec une acuité pénétrante.

— Jean CHOLLET

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Lars Eidinger dans <em>Richard III</em>, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier - crédits : Boris Horvat/ AFP

Lars Eidinger dans Richard III, de Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier