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MILLET RICHARD (1953- )

Richard Millet naît à Viam (Haute-Corrèze) en 1953. Il y reste sept ans avant de suivre ses parents au Liban (Beyrouth, 1987 ; Un balcon à Beyrouth, 1994 ; L'Orient désert, 2007 ; Brumes de Cimmérie, 2010). À son retour, il enseigne comme professeur certifié dans des établissements parisiens avant de se lancer dans une carrière littéraire qui, parallèlement à l'écriture de romans largement autobiographiques, le conduira par la suite à entrer au comité de lecture des éditions Gallimard.

L'œuvre est prolifique : un ou deux titres par an environ depuis L'Invention du corps de Saint-Marc (1983). Elle s'oriente autour de trois tropismes essentiels : la recherche de soi par l'écriture, une méditation sur le passé humain qui se trouve de façon emblématique enfoui dans les terres limousines, et par-dessus tout la vénération de la langue française. Nombre de ces ouvrages sont ainsi marqués par une forme nouvelle de culte du moi apparue dans les années 1980. Une littérature du sujet mise en scène à travers un indissoluble mélange de narcissisme partiellement ironique et de dégoût passionné de soi péremptoirement exprimé. Le tout s'accompagnant d'une inclination immodérée pour les femmes, belles ou laides (Le Goût des femmes laides, 2005 ; Dévorations, 2006). Infini dans ses nuances, le sexe féminin dévoile ses charmes et ses maléfices tout au long d'un développement romanesque et autobiographique qui se cherche de livre en livre : Le Chant des adolescentes (1993), Autres Jeunes Filles (1998, avec des illustrations d'Ernest Pignon-Ernest). En second lieu, l'œuvre est un hommage aux terres secrètes du Limousin qui fait revivre leur passé disparu. Le site Web de l'écrivain invite à ne pas voir là une manifestation de régionalisme littéraire. C'est pourtant l'âme primitive du plateau de Millevaches qu'on explore dans une trilogie commencée avec La Gloire des Pythre (1995) et poursuivie avec L'Amour des trois sœurs Piale (1997) et Lauve le pur (2000). En 2003, c'est encore la Corrèze qui hante Ma vie parmi les ombres ou Le Renard dans le nom. Mais au fil des années, c'est la recherche d'une distinction philosophique et esthétique qui s'impose comme la marque la plus visible de l'auteur, dans l'apologie et l'illustration de la langue française classique, dense et fluide, comme ont su la polir trois ou quatre siècles de littérature savante. Dès les premiers romans, on avait remarqué que le récit avait tendance à céder le pas au discours, et que l'effort d'écriture portait davantage sur la conversation ou le monologue que sur la construction d'intrigues proprement romanesques. Cette langue que Millet aime avec passion, il la montre aussi menacée par la vulgarité et le sabir médiatiques, la communication cybernétique, le snobisme ou la veulerie des écrivains contemporains (Le Sentiment de la langue I, II, III : mélange, 1993, prix de l'Essai de l'Académie française en 1994 ; Harcèlement littéraire, 2005 ; L'Art du bref, 1995 et 2006, Désenchantement de la littérature, 2007). Ce dernier aspect s'accompagne d'un rejet violent du décervelage culturel contemporain et des évolutions sociales en train depuis les années 1980. Thèses dont on suit la trace dans sa création littéraire mais aussi dans ses articles critiques (réunis par exemple dans Accompagnement, 1991) ou dans un essai comme celui qu'il consacre à Maurice Blanchot (Place des pensées, 2007). Cet amour du beau style n'est pas sans rapport avec la passion vouée à la musique. (Angélus, 1988 ; La Voix d'alto, 2001).

Gardien de l'héritage peut-être mythique d'une langue pure, en haine d'une société qui a rompu avec la tradition française et catholique, en butte aux attaques de ceux qui voient en lui un suppôt de la nouvelle pensée[...]

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