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MUSGRAVE RICHARD (1910-2007)

Économiste spécialisé dans ce qu'il est convenu d'appeler l'économie publique, Richard Abel Musgrave est né le 14 décembre 1910 à Koenigstein, en Allemagne, dans les environs de Francfort. Après avoir commencé des études supérieures à l'université de Munich, il rejoint Heidelberg. En 1933, il postule pour les universités américaines afin de diversifier sa formation et surtout de fuir le régime nazi. Il est d'abord étudiant à Rochester dans l'État de New York puis à Harvard, où il obtient son doctorat (Ph.D) en sciences économiques en 1937. L'évolution de la situation politique en Europe l'amène à s'installer définitement aux États-Unis. Après avoir enseigné dans divers endroits, il revient à Harvard en 1965 où il demeure professeur jusqu'à sa retraite en 1981. Mais cet homme au tempérament très actif ne se voit pas mener la vie oisive d'un retraité retiré de tout. C'est donc avec enthousiasme qu'il accepte la proposition de l'université de Santa Cruz en Californie de lui confier l'animation de plusieurs séminaires de recherche sur les finances publiques et le rôle économique de l'État, ses sujets de prédilection.

En effet, pour tous les étudiants en économie, son nom est associé à l'identification des missions de l'État à travers trois fonctions : la fonction d'allocation, la fonction de redistribution, la fonction de stabilisation. L'État doit intervenir sur l'allocation des ressources pour atteindre des objectifs jugés économiquement ou socialement plus satisfaisants que ceux qui résultent du marché. Le cas emblématique est l'usage que peut faire l'État de la fiscalité pour encadrer certaines consommations. Ainsi, en augmentant le prix du tabac, il doit normalement inciter la population à limiter l'usage de ce produit nocif. Il doit le faire avec habileté et mesure de façon à ne pas favoriser l'apparition d'une importante contrebande. De même, la fiscalité sur le pétrole doit se donner comme objectif non seulement de fournir à l'État des ressources simples à collecter, mais là encore d'inciter à une moindre consommation de ce produit non renouvelable.

L'État démocratique doit chercher à corriger la répartition initiale des revenus dans un sens conforme à la vision que la société se fait de la justice sociale : c'est sa fonction de redistribution. Pour ce faire, il dispose au premier chef de la fiscalité. Mais pour améliorer la situation des catégories sociales jugées a priori comme défavorisées, il peut également utiliser ses dépenses. Il peut enfin combiner les deux. Par exemple, en France, la politique d'aide aux handicapés passe par de multiples canaux qui mobilisent les dépenses au travers du versement de l'Allocation aux adultes handicapés et la fiscalité puisque les entreprises qui n'emploient pas un certain quota d'handicapés doivent verser une somme compensatoire à l'État.

Dans cette logique, l'État doit aussi assurer une croissance économique équilibrée, c'est-à-dire faire en sorte d'assurer le plein-emploi sans inflation et sans déficit extérieur. Cette fonction de stabilisation s'incarne dans la mise en œuvre de politiques monétaire et budgétaire visant à lisser les aléas conjoncturels.

Richard Musgrave a exposé ce schéma dans plusieurs ouvrages, mais celui qui a assuré sa notoriété est The Theory of Public Finance paru en 1959. À l'époque, les idées dominantes sont keynésiennes et Musgrave s'inscrit sans ambiguïté dans ce courant, y compris en affirmant son soutien aux idées de la gauche modérée. Dans ce cadre keynésien, il a non seulement décrit le rôle de l'État mais également poussé sa réflexion sur l'articulation entre les résultats de la microéconomie sur les évolutions de prix, en particulier liées à des[...]

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  • MACROÉCONOMIE - Politique économique

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    On peut suivre l'économiste américain Richard Musgrave (1910-2007) en assignant trois objectifs généraux à la politique économique : améliorer l'allocation des ressources ; modifier la répartition des richesses ; réguler le niveau de l'activité économique.