ERNST RICHARD ROBERT (1933- )
Chimiste suisse né le 14 août 1933 à Winterthur (Suisse). Richard Robert Ernst fait ses études à l'institut polytechnique de Zurich (E.T.H.), où il obtient en 1962 un doctorat en chimie physique pour des recherches théoriques et l'étude de problèmes d'instrumentation concernant la résonance magnétique nucléaire (R.M.N.). De 1963 à 1968, Ernst travaille dans les laboratoires des établissements Varian Associates, à Palo Alto (Californie), où il effectue des travaux sur la méthodologie de la R.M.N. Il retourne ensuite à Zurich et obtient un poste d'enseignant en chimie physique à l'E.T.H., où il est nommé professeur en 1976.
Les travaux d'Ernst ont permis de perfectionner la R.M.N. et d'en faire la puissante technique d'analyse structurale qu'elle est devenue, que ce soit en chimie, en physique du solide ou en biologie, où elle constitue la méthode de choix pour étudier la structure des protéines et des autres molécules biologiques ; l'imagerie par résonance magnétique (I.R.M.) est devenue une technique très performante d'investigation biomédicale.
Un des principaux problèmes que posait la R.M.N. par rapport aux autres techniques spectroscopiques était sa faible sensibilité. Ernst a pu améliorer considérablement cette situation en excitant un échantillon par une forte impulsion stimulant toutes les résonances d'un noyau donné et en analysant à l'aide d'un programme informatique les signaux obtenus, convertis en spectre interprétable par une transformée de Fourier. La sensibilité, par exemple pour un spectre de protons, se trouve alors multipliée par un facteur d'au moins trente. Avant la fin des années 1960, des spectromètres à R.M.N. avec transformées de Fourier sont disponibles sur le marché, et on voit alors se développer une R.M.N. à haute résolution. La spectroscopie à R.M.N. d'un certain nombre de noyaux, tel le 13C, était fortement limitée par le manque de sensibilité initiale de la méthode et la faible abondance naturelle des noyaux étudiés, mais grâce à l'amélioration de la technique, l'étude de ces noyaux devient une pratique courante.
En 1975, Ernst, reprenant une idée du Belge J. Jeener, réalise la première expérimentation de spectroscopie à R.M.N. à deux dimensions, ou R.M.N. 2D : deux impulsions séparées sont appliquées sur l'échantillon, et les informations obtenues en deux dimensions sont analysées par une double transformation de Fourier, ce qui a permis d'étendre le champ de la R.M.N. à la détermination de structures de plus en plus complexes.
Richard R. Ernst a obtenu le prix Nobel de chimie en 1991.
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Écrit par
- Georges BRAM : professeur à l'université de Paris-Sud-XI-Orsay
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