STONE RICHARD (1913-1991)
Économiste anglais né en 1913, Richard Stone a commencé sa carrière chez un courtier londonien, avant de rejoindre en 1940 les rangs du Bureau central des statistiques, à l'initiative de John Maynard Keynes. Ses relations avec ce dernier semblent n'avoir jamais été très faciles ; c'est peut-être la raison pour laquelle il s'est défendu d'appartenir à l'école de Cambridge, qui prétendait prolonger l'héritage de Keynes. Il enseignera à Cambridge de 1945 à 1980.
Richard Stone essaya d'abord de construire des outils nécessaires à l'élaboration des politiques budgétaires dont Keynes avait montré les incidences macro-économiques. Associant alors le concept de circuit économique aux instruments de statistiques des revenus, il pouvait donner naissance à la « comptabilité nationale moderne ». En collaboration avec son collègue James Meade (lauréat du prix Nobel d'économie en 1977), il publia en 1944 un livre (National Income and Expenditure) conçu comme une introduction à une comptabilité nationale encore très largement inconnue. La simplicité et la clarté de ses explications contribuèrent sans doute à le populariser rapidement. Dans l'immédiat après-guerre, certains se référaient volontiers à Richard Stone, tel François Perroux qui le fit connaître à Paris et situa ses propres réflexions dans le prolongement des travaux menés à Londres pendant la guerre. En 1945, Stone vint à Cambridge pour diriger une nouvelle section d'économie appliquée, formée d'un petit groupe de chercheurs qui constituèrent l'« école des économètres ». Il maîtrise la statistique mathématique, fournit d'importants apports à la théorie des indices et utilise l'algèbre linéaire pour présenter les relations du circuit économique. C'est là qu'il développa, grâce à l'informatique, son système d'intégration complète des comptes d'une nation. L'évidence actuelle de l'existence des comptes nationaux peut expliquer la surprise de certains lorsque lui fut attribué le prix Nobel de sciences économiques (en 1984), en sa qualité de « pionnier » de la comptabilité nationale moderne ; mais la distinction a aussi récompensé son action révolutionnaire sur l'ensemble des statistiques économiques. En 1955, Stone participe à un congrès de l'Econometric Society, aux côtés de Ragnar Frisch et Jan Tinbergen (eux-mêmes futurs Prix Nobel).
Dans leur livre de 1944, Meade et Stone exprimaient déjà l'espoir que l'on dispose un jour d'estimations comparables pour le plus grand nombre de pays possible. Le travail de Richard Stone s'élargit rapidement du domaine anglais à un système applicable à l'échelle internationale. Le plan Marshall allait accélérer le processus et faire adopter le système de Stone par un grand nombre d'organismes internationaux. En effet, les pays qui avaient besoin de l'argent du plan Marshall durent fournir des chiffres pour participer à la distribution équitable de l'aide. La France, sous l'impulsion de Claude Gruson, mit très vite en place (1952) un système normalisé de comptabilité nationale.
Faute de crédits, l'organisme de Cambridge qui était chargé de poursuivre les travaux de Stone dut réduire ses activités, mais le succès du système normalisé permit de concevoir rapidement des systèmes beaucoup plus ambitieux et à vocation multiple. La comptabilité nationale pouvait espérer devenir non seulement un tableau reflétant l'évolution du bien-être national, de la production et de la productivité, de la répartition et de l'utilisation des revenus, mais encore un compte financier de l'économie nationale.
Stone suivit alors des voies analogues à celles de Wassily Leontief, le créateur de l'analyse input-output. Les données de la comptabilité nationale[...]
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Écrit par
- Françoise PICHON-MAMÈRE : maître de conférences, université Paris-Sorbonne
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