RISORGIMENTO
La formation du royaume d'Italie (1850-1861)
Cavour et la « décennie de préparation »
Avec d'Azeglio, puis Cavour, président du Conseil le 4 novembre 1852, le Piémont se prépare à la reprise de la lutte. La politique des conjurations est révolue, avec la condamnation des « martyrs de Belfiore », à Mantoue, en 1852-1853. Le mazzinianisme, comme autrefois la Charbonnerie, passe au second plan comme moteur du Risorgimento en dépit d'ultimes tentatives, à Milan en 1853 et à Sapri en 1857, avec le sacrifice de Pisacane. Cavour, appuyé sur la majorité (souvent précaire) du Connubio, « mariage » entre le centre droit et le centre gauche, met en œuvre le programme de rénovation économique et civique des modérés. Il développe l'économie, par la construction des chemins de fer et le libre-échange, laïcise en partie l'État, modernise l'armée, grâce à La Marmora. Le Piémont entre dans le « concert européen » par sa participation, en 1854, à la guerre de Crimée, aux côtés de la France et de l'Angleterre, puis au congrès de Paris (1856), où Cavour pose la question italienne. Réaliste lucide, il sait que seule une aide militaire massive peut permettre l'indépendance. Il la trouve auprès de Napoléon III, que son hérédité et son passé de carbonaro attachent au Risorgimento. Turin et le Piémont deviennent le centre de ralliement des patriotes de toute l'Italie, partisans de l'idée nationale que définit l'école juridique de Mancini et que popularise la Società nazionale italiana, fondée en août 1857.
La troisième guerre d'indépendance
À l' entrevue de Plombières (20-21 juill. 1858), Cavour exploite les dispositions favorables de l'empereur, que l'attentat d'Orsini a décidé à agir en Italie. Une alliance militaire franco-sarde est scellée, qui sera signée le 28 janvier 1859, et on esquisse une réorganisation de la péninsule, libérée de l'Autriche et fédérée en trois grandes entités : un royaume piémontais de la Haute-Italie, « des Alpes à l'Adriatique », les États du pape et le royaume de Naples. La guerre éclate le 26 avril et l'offensive des alliés, après les victoires de Montebello, de Palestro, de Magenta (4 juin) et de Solferino-San Martino (24 juin), aboutit à l'occupation de la Lombardie. Mais Napoléon III, inquiet des réticences de l'opinion française et de la menace prussienne sur le Rhin, arrête brusquement la campagne, par les préliminaires de Villafranca (11 juill.) qui prévoient la cession de la Lombardie au Piémont. Cavour n'accepte pas, démissionne, et la France ne réclame pas la Savoie et Nice, compensations prévues à Plombières. Entre-temps, des mouvements nationaux ont éclaté dans les Marches et l'Ombrie pontificales, ainsi que dans les duchés, d'où les souverains sont chassés. Les gouvernements provisoires modérés demandent l'union au Piémont. Il apparaît bien vite que les stipulations de Villafranca, transformées en paix à Zurich (10 nov.), seront inexécutables dans leurs clauses de restauration des monarques détrônés. Cavour, de sa retraite, attise les revendications nationales, par le canal de la Società nazionale italiana.
Revenu au pouvoir, le 16 janvier 1860, il fait procéder aux plébiscites d'annexion en Italie centrale et dans les Légations pontificales (11-12 mars). Il obtient le consentement de la France, par la cession de Nice et de la Savoie (traité de Turin du 24 mars et plébiscites des 15 et 22-23 avr.). Le 5 mai, Garibaldi, l'un des chefs du parti d'action, de dérivation mazzinienne, lance une expédition contre la Sicile, avec la complicité tacite de Cavour. Il s'empare de l'île, passe sur le continent et arrive à Naples, le 7 septembre. Au milieu d'une grande confusion, il agite des projets de réformes démocratiques et sociales et annonce son intention de marcher sur Rome.[...]
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Écrit par
- Paul GUICHONNET : professeur honoraire à l'université de Genève
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