STREICH RITA (1920-1987)
Le « rossignol » allemand voit le jour le 18 décembre 1920 à Barnaoul, en Sibérie, près de Novossibirsk, au pied de l'Altaï, où son père, prisonnier de guerre allemand, avait épousé une Russe. Elle arrive très jeune en Allemagne ; ses parents se fixent à Essen puis à Iéna et à Augsbourg, où elle est l'assistante d'un médecin dont elle tombe amoureuse. Son professeur de piano parvient toutefois à la dissuader d'abandonner le chant, dont elle avait commencé l'étude, révélant une voix d'une souplesse et d'une légèreté étonnantes. À Berlin, elle travaille avec Willy Domgraf-Fassbänder (le père d'une autre cantatrice illustre, Brigitte Fassbänder), Maria Ivogün et Erna Berger. Elle fait ses débuts en 1943 au théâtre municipal d'Aussig (aujourd'hui Ústí nad Labem, en République tchèque) dans le rôle de Zerbinette d'Ariane à Naxos de Richard Strauss. Rapidement, elle est engagée à la Staatsoper de Berlin (1946-1950) ; puis elle passe à la Städtische Oper (Berlin-Ouest), où elle chante jusqu'en 1953. En 1952 et 1953, elle chante le Waldvogel de Siegfried au festival de Bayreuth et fait ses débuts à l'opéra de Vienne en 1953. Elle fera partie de la troupe permanente de cette maison entre 1956 et 1972. À partir de 1954, elle se produit chaque année au festival de Salzbourg, dans le Freischütz de Weber, sera Najade d'Ariane à Naxos, la Reine de la nuit de La Flûte enchantée, Despina de Così fan tutte... La même année, elle fait ses débuts à Covent Garden et chante Sophie du Chevalier à la rose de Richard Strauss à l'opéra de Rome. Puis ce sont les festivals d'Aix-en-Provence (1955) et de Glyndebourne (1958), la première tournée aux États-Unis (1957), la Scala de Milan et les récitals de lieder ou d'airs de concerts, auxquels elle consacre une part importante de son temps. À partir des années1970, elle se tourne vers l'enseignement : nommée professeur à la Folkwang-Hochschule d'Essen en 1974, elle donne des cours d'interprétation au Mozarteum de Salzbourg pendant le festival et, en 1976, elle se voit confier une classe à l'Académie de musique de Vienne. En France, elle viendra diriger plusieurs stages et cours d'interprétation avant de prendre la direction du Centre de perfectionnement d'art lyrique de Nice en 1983. Elle meurt à Vienne le 20 mars 1987.
Rita Streich possédait une voix de soprano colorature d'une rare souplesse. Elle a su ménager sa voix pour lui permettre de durer, mais c'est au cours des années 1950 qu'elle se situe au maximum de ses possibilités. Elle reste indissociable du rôle de la Reine de la nuit, qu'elle a marqué de son sceau. Mais elle était aussi une pétillante Suzanne (Les Noces de Figaro), et la facilité de ses aigus convenait particulièrement bien à Constance (L'Enlèvement au sérail). Dans le même domaine, elle a marqué les rôles straussiens de Zerbinette et de Sophie et, à une époque où on le confiait à des sopranos et non à des mezzos, celui de Rosine (Le Barbier de Séville). Merveilleuse comédienne, elle aimait aussi chanter l'opérette viennoise où son sourire permanent et la perfection de son style transcendaient une musique plus légère. À la fin de sa vie, alors qu'elle avait abandonné la scène, elle chantait volontiers les airs de concert de Mozart. Parmi les rares incursions qu'elle ait faites dans le domaine de la musique contemporaine, il faut retenir la création de l'opéra de l'Autrichien Heimo Erbse, Julietta, à Salzbourg (1959).
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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