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AMBROSIENS RITE & CHANT

Au sens étroit de l'expression, le chant ambrosien est le corpus de textes et de musiques qui fut créé par saint Ambroise (333 ou 340-397), évêque de Milan. Le témoignage de saint Augustin est formel ; nous apprenons ainsi que, « persécuté par l'impératrice Justine, l'évêque s'enferma avec ses fidèles dans l'église de Milan et, pour occuper le peuple, lui fit chanter des hymnes et des psaumes à la manière orientale » (Confessions, IX, 71). Cela se passait pendant la semaine sainte de 386. Quatre hymnes sont absolument authentiques : Aeterne rerum conditor, Deus creator omnium, Iam surgit hora tertia et Veni redemptor gentium. Une dizaine d'autres sont douteuses, dont Splendor paternae gloriae et Aeterna Christi munera, qui figurent au corpus romain. Quoi qu'il en soit, c'est là la première expression poétique du christianisme en Occident. Ambroise a choisi comme forme métrique le dimètre iambique acatalectique, alors très populaire depuis Hadrien ; il y a des strophes de quatre vers, chacun de huit syllabes. On ne sait rien de sûr quant à la composition musicale originale. Les premiers manuscrits datent du xiie siècle (British Museum).

Au sens large, « ambrosien » s'applique au chant et au rite liturgiques indiqués dans le recueil utilisé dans l'archidiocèse de Milan ; une variante fut notamment en honneur jusqu'en 1584 (romano-ambrosien d'Augsbourg). Après la mort d'Ambroise, on qualifia d'ambrosienne par analogie avec les hymnes qu'il avait composées toute hymne écrite suivant les règles qu'il avait utilisées. Isidore de Séville en donne clairement la raison : Hymni ex eius numine, ambrosiani vocantur (à cause de son renom, les hymnes sont dites ambrosiennes). Wilfrid Strabon précise : « Il faut savoir que beaucoup d'hymnes qu'il n'a jamais écrites sont considérées comme des œuvres d'Ambroise. » C'est ainsi que le Te Deum fut appelé hymne ambrosienne, alors que son origine remonte au ve siècle, au plus tôt. Comparons brièvement chant romain et chant ambrosien-milanais. Dans ce dernier, la mélodie est presque toujours syllabique et les intervalles procèdent par degrés conjoints. Les récitatifs sont à la quarte, tandis qu'en romain ils se font à la quinte. La psalmodie en usage à Rome s'est introduite à Milan, mais, en 1496, Gafori disait encore qu'on ignorait toujours l'intonation et la médiante. Le responsorial y est original et les antiennes toujours très simples mélodiquement et rythmiquement (syllabisme). Le kyriale ressemble à une psalmodie terminée par un jubilus (mélismes) conclusif de chaque phrase. L'ordinaire comprend quatre antiennes : l'ingressa (correspondant à l'introït, mais sans psaume), l'antienne post evangelium, le confractorium et le transitorium (communion). On trouve deux répons : le psalmellus (soit le graduel) et l'offertoire, avec versets. Les cantus sont le pendant des traits romains.

Le chant ambrosien présentant des affinités avec le chant grégorien, les études musicologiques avancent l'hypothèse d'un fonds antérieur où tous deux auraient pu puiser (chant romain le plus ancien ?).

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Autres références

  • HYMNE, liturgie chrétienne

    • Écrit par
    • 1 229 mots

    L'anthropologie religieuse connaît l'hymne comme une de ses catégories universelles, à laquelle est applicable la définition de saint Augustin : « Hymnus ergo tria ista habet et cantum, et laudem, et Dei. Laus ergo Dei in cantico, hymnus dicitur » (« L'hymne est tout à la fois...