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RITES DE GUÉRISON

Ce n'est pas un hasard si le terme « salut » désigne aussi bien le salut physique, la santé, que le salut moral et religieux, la délivrance procurée par un sauveur. Bien plus, dans de nombreux cas, le sauveur divin (Asclépios, par exemple, ou même Apollon) est d'abord un sauveteur, un guérisseur, un thaumaturge. Même les sotériologies les plus tardives gardent en elles un élément médicinal, rappelant l'époque où soins de l'âme et soins du corps, péché et maladie relevaient ensemble d'une thérapeutique qui traitait l'homme comme un tout. C'est pourquoi il serait dérisoire d'aborder les rites de guérison comme des vestiges de magie ou de les référer seulement à la figure du sorcier de village, du medecineman, du soigneur à la fois ingénieux et superstitieux, dévoué à l'écoute et prompt à appliquer ses recettes miracles. Assurément, les rites de guérison dérivent en partie du savoir-faire magique (qui mêlait d'ailleurs connaissances naturelles et formules d'incantation). Mais leur signification déborde largement cet aspect ; elle se dégage du sens que les religions accordent à la souffrance, au mal physique, au mal moral et plus spécialement à l'état de malade, à l'usage des maladies, valorisées en situation d'épreuve, de purification, de conversion. En particulier, pour le christianisme, la guérison implorée réserve expressément la priorité de la cure spirituelle.

Avec les progrès de l'hygiène, de la médecine, de la chirurgie, de la protection sociale, tout un secteur de la détresse humaine s'est laïcisé : la religion n'est plus que d'intériorité. Il reste aux croyants une axiologie et une psychologie du souffrir qui ne sont pas forcément masochistes et dont il n'est pas sûr, si elles ne sont ni préventives ni curatives, qu'elles ne puissent être bénéfiques.

— Henry DUMÉRY

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

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