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RIZ

Des rendements du riz très contrastés

La fourchette des rendements obtenus à l’hectare et par personne est particulièrement ouverte. Cultivé sous pluie et de façon extensive, dans le cadre d’agricultures itinérantes sur brûlis telles qu’elles sont encore parfois pratiquées dans certaines montagnes asiatiques comme celles du Laos, le riz donne des rendements de l’ordre de 5 quintaux à l’hectare (q/ha). En revanche, les rizicultures intensives, reposant sur l’irrigation, peuvent permettre d’obtenir de 140 à 150 q/ha en tenant compte de la possibilité de réaliser deux récoltes par an sur la même parcelle avec des variétés à haut rendement à cycles végétatifs plus courts (moins de 5 mois). Afin de parvenir à de tels résultats, il convient de pouvoir mettre en œuvre les différentes techniques et les divers intrants de la « révolution verte » : utilisation de semences sélectionnées à haut potentiel de rendement ; emploi d’engrais et de produits de traitement souvent onéreux (herbicides, insecticides, fongicides…). Cela implique aussi des apports d’eau suffisants et importants. La « révolution verte » appliquée à la riziculture a été globalement un succès : elle a permis d’écarter la famine de bien des campagnes asiatiques. Ses conséquences sociales ont été parfois critiquées dans la mesure où elle a d’abord et davantage profité aux paysans les plus riches. Toutefois, il a été démontré que les paysans les plus pauvres des régions ayant adopté les techniques de la « révolution verte » disposent d’un niveau de vie supérieur à celui des pauvres des campagnes non touchées par cette révolution.

Le rendement en riz a doublé, en moyenne et à l’échelle mondiale, entre les années 1950 et les années 1990, passant de 20 q/ha à 40 q/ha. Depuis lors, cette progression semble s’essouffler dans plusieurs régions à un moment où les rythmes d’accroissement démographique, bien qu’en cours de ralentissement, demeurent encore élevés. Cet essoufflement ne semble pas uniquement lié à des problèmes d’approvisionnement en intrants et en eau d’irrigation. Les utilisations massives d’intrants et leurs retombées négatives sur l’environnement impliquent qu’on puisse désormais passer de la révolution verte à la révolution doublement verte, cette dernière étant davantage attentive à la gestion des milieux dans lesquels elle est mise en œuvre.

Entre les formes de production très extensives et très intensives, toutes les situations intermédiaires existent avec des rendements de l’ordre de 20 q/ha pour les rizicultures pluviales pratiquées en Birmanie, en Indonésie ou à Madagascar, de l’ordre de 30 q/ha pour les rizicultures inondées pratiquées le long des grands fleuves au Cambodge ou en Thaïlande, et supérieurs à 60 q/ha pour les rizicultures irriguées de la Chine méridionale, de l’Inde méridionale ou du Japon. Dans les Amériques, en particulier aux États-Unis et au Brésil, ainsi qu’en Australie, le riz est cultivé en mettant en œuvre de très puissants moyens mécaniques sur des exploitations de très grande dimension, couvrant plusieurs centaines d’hectares. Grâce à des apports massifs d’intrants, des rendements de 80 à 90 quintaux par hectare sont obtenus dans ces pays. En Afrique de l’Ouest, le rendement moyen en riz a doublé au cours des années 2000, passant de 10 q/ha à 20 q/ha. Toutefois, sauf dans des cas particuliers comme celui de la riziculture irriguée développée par l’office du Niger au Mali, la progression de la révolution verte s’y trouve freinée par l’insuffisance des moyens qui lui sont consacrés et par la faiblesse des politiques agricoles.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France

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Épis de riz, Japon - crédits : 	Akira Kaede/ Getty Images

Épis de riz, Japon

Rizières dans le Yunnan (Chine) - crédits : Yann Layma/ Getty Images

Rizières dans le Yunnan (Chine)

Rizières aux Philippines - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

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