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RKO (Radio Keith Orpheum)

Contrairement aux autres majors hollywoodiennes qui toutes avaient produit et distribué des films muets, R.K.O. est née avec le cinéma parlant, et pour le cinéma parlant. En effet sa maison mère, Radio Corporation of America, une des puissances de l'industrie du matériel sonore, déjà présente dans l'industrie des loisirs avec ses éditions phonographiques et le réseau de stations-radio de la National Broadcasting Company, voulait commercialiser ses brevets de cinéma sonore. Or la plupart des majors choisissaient de travailler avec Western Electric, qui avait participé au triomphe de la Warner. Le marché restait cependant très ouvert dans l'exploitation et à l'étranger. David Sarnoff, le tout puissant président de R.C.A. – au profil analogue à celui des moghuls hollywoodiens – décide alors de créer de toutes pièces une major intégrant la totalité des métiers du cinéma, avec le soutien du groupe Rockefeller qui l'accueille dans son quartier général et lui offre la plus grande salle du monde, le fameux Radio City Music Hall.

C'est un habile financier de Boston, le politicien démocrate Joseph Kennedy, qui réalise le montage de l'opération, en tirant un réel profit des transactions. Bon connaisseur des rouages de l'industrie du cinéma (il a notamment géré les intérêts de la star Gloria Swanson dont il était très proche), le père du futur président des États-Unis aide en 1928 David Sarnoff à racheter les entreprises qui permettent de faire naître tout armé un groupe intégrant les trois branches de l'industrie du cinéma : un studio voisin de ceux de Columbia et de Paramount (il sera annexé par Paramount à la fin des années 1950), une société de distribution, Film Booking Office, dont Kennedy lui-même s'était rendu acquéreur auparavant, et, pour achever l'opération, un circuit de salles nommé Orpheum couplé au réseau de music-hall Keith-Albee. Cette double dénomination servira à baptiser la nouvelle major, filiale de R.C.A., présidée tout d'abord par Sarnoff en personne, et dont les films sont produits sous l'enseigne R.K.O.-Radio Pictures. Joseph Kennedy, qui avait pris le contrôle en 1928 de la firme américaine Pathé (cédée par sa maison mère française depuis plusieurs années, et utile par ses actualités cinématographiques), cède la société à R.K.O. en 1931.

Outre ses liens directs avec l'industrie, R.K.O. fait donc partie à sa naissance d'un groupe alliant plusieurs industries culturelles (cinéma, radio, disque), qui anticipe sur les stratégies de fusion d'entreprises qui seront caractéristiques de ces secteurs dans les années 1980 – mais R.K.O. aura disparu bien avant.

King Kong (1933) - crédits : John Kobal Foundation/ Getty Images

King Kong (1933)

Dans sa première période R.K.O. exploite la popularité des vedettes de la radio N.B.C. Le succès n'a qu'un temps, strictement lié au boom du parlant. Elle lance un programme de comédies musicales qui ne prendra de l'envergure qu'en 1934 avec l'arrivée du couple Fred Astaire-Ginger Rogers. Malgré quelques films appelés à devenir mythiques comme King Kong et Les Chasses du comte Zaroff, tournés simultanément en 1932-1933, la R.K.O. est en récession. Caractérisée par une grande instabilité dans sa direction et une stratégie chaotique, le studio compte dans les années 1930 sur Irene Dunne, Constance Bennett, Joel MacCrea, Charles Laughton et surtout Katharine Hepburn, puis vers 1940, Carole Lombard et Cary Grant. Par mesure d'économie, il ne s'attache qu'un petit nombre de réalisateurs, parmi lesquels Gregory La Cava et George Cukor. Abandonnée par ses premiers parrains industriels et bancaires, la dernière-née des majors ne se stabilise qu'en 1940. Sa branche distribution reçoit le renfort de plusieurs gros producteurs indépendants qui sont en froid avec United Artists, comme Goldwyn, ainsi que Disney, qui lui restera fidèle jusqu'à[...]

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King Kong (1933) - crédits : John Kobal Foundation/ Getty Images

King Kong (1933)

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