ROB-VEL ROBERT VELTER dit (1909-1991)
Né à Paris le 9 février 1909, Robert Velter dessine très jeune, mais sa première passion est la mer. Il veut devenir officier de marine et se retrouve steward à bord des plus célèbres transatlantiques de l'époque. En 1934, lors d'un séjour aux États-Unis, il fait la rencontre déterminante de sa vie, celle de Martin Branner, le créateur de Winnie Winkle (en français : Bicot), qui l'embauche dans son studio pendant un an et lui apprend toutes les ficelles de la bande dessinée à l'anglo-saxonne. Rentré en France en 1935, Velter crée son héros à l'américaine, en strips quotidiens, dans Le Parisien libéré : c'est Monsieur Subito, aristocrate décalé, gaffeur et très « xixe siècle ». Cette série, grand classique de l'humour français des années d'avant et d'après guerre, paraîtra jusqu'en 1969.
Entre-temps, Robert Velter joue les animateurs socioculturels sur les paquebots et diffuse un bulletin interne, L'Atlantique, illustré par ses soins. Là, il crée un personnage nommé Toto, groom de son état, et qui deviendra le héros d'un Journal de Toto (1937-1941), dont Velter sera le secrétaire de rédaction. Il reprendra ce personnage après la guerre. Remarqué par l'éditeur belge Dupuis, il va imaginer le personnage-vedette d'un journal de jeunes qui influencera plusieurs décennies : le groom Spirou est né. Velter – qui signait ses strips Bozz – choisit un autre pseudonyme, Rob-Vel, sous lequel il est le plus connu. Bien que relativement mineur dans son œuvre, Spirou le rendra célèbre, un peu à tort. Dans un premier temps, Rob-Vel ne le dessine que de 1938 à 1940, date à laquelle il est mobilisé, puis blessé. La série est reprise par la dessinatrice belge qu'il a épousée et qui l'aide depuis longtemps, Davine (1895-1975), et un peintre belge, Luc Lafnet, jusqu'en 1941. Rob-Vel reprend alors son personnage pour deux ans, dans des conditions difficiles : faire parvenir des planches en Belgique en pleine guerre se révèle rapidement trop risqué. La mort dans l'âme, Rob-Vel accepte de vendre son héros à Dupuis. Jijé le reprend alors, adjoint son ami Fantasio à Spirou, puis passe le flambeau à Franquin qui transforme la série en chef-d'œuvre et la lance réellement ; de fait, elle est aujourd'hui surtout connue grâce à lui. « Spirou » signifie écureuil en wallon, mais l'écureuil (créé par Rob-Vel) qui l'accompagne s'appelle, lui, Spip.
Velter ne devait plus toucher de droits sur son personnage, ne jamais voir ses épisodes repris en album. Mais il n'en fut jamais amer. Le paradoxe de cet auteur est pourtant qu'il est un des fondateurs de la B.D. française et belge, tout en restant méconnu du public. On connaît son nom, pas son œuvre. Car d'autres personnages suivent, souvent en collaboration avec Davine : Ce pauvre Plouk, Bibor & Tribar, Bizouk & Pelik, Petibou, Mic & Mac, Babouche & Babouchette. On le lit dans les quotidiens (Le Soir), comme dans les grands magazines jeunes du temps : Bravo, L'Astucieux, Pierrot, Lisette, Mickey, etc.
Après l'arrêt de Subito, en 1970, Rob-Vel reprend le célèbre Professeur Nimbus, de Darthel, sur le même principe de strips quotidiens. En 1975, à la mort de Davine, il cesse ses activités. Entouré de ses maquettes de bateaux et de ses bricolages, il vit alors paisiblement à Saint-Malo.
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Écrit par
- Yves FRÉMION : écrivain et critique de la bande dessinée
Classification
Autres références
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BANDE DESSINÉE
- Écrit par Dominique PETITFAUX
- 22 913 mots
- 16 médias
Dès 1930, Hergé a des imitateurs, et en 1938 se constitue, au sein des éditions Dupuis, le premier grand illustré belge de bandes dessinées, Le Journal de Spirou ; le héros éponyme a cependant été conçu par un dessinateur français, Rob-Vel (Robert Velter, 1909-1991). L’hebdomadaire est diffusé en...