ROBBINS JEROME RABINOWITZ dit JEROME (1918-1998)
Danseur et chorégraphe américain. De son vrai nom Rabinowitz, le futur Jerome Robbins naît le 11 octobre 1918 à New York. Après avoir suivi des études de danse (classique, moderne, orientale, espagnole), de musique (piano et violon) et d'art théâtral, il fait ses débuts d'acteur avec le Yiddish Art Theatre (1937) puis joue dans des comédies musicales, un domaine qui lui sera aussi familier que le ballet classique. En 1940, Lucia Chase l'accueille dans le corps de ballet de l'American Ballet Theatre où il devient soliste l'année suivante. Il interprète des œuvres marquantes du répertoire de la troupe comme Helen of Troy (David Lichine), Romeo and Juliet (Anthony Tudor) ou Petrouchka (Michel Fokine). 1944 est une année qui marque un tournant dans la carrière de Robbins : c'est la création de Fancy Free, sur une partition d'un tout jeune compositeur, Leonard Bernstein. Récit des aventures de trois marins en bordée à New York, l'œuvre rencontre un énorme succès dès sa première représentation, le 18 avril 1944, au Metropolitan Opera. Elle est reprise la même année en forme de comédie musicale, On the Town, à Broadway. La réputation de Robbins grandit avec la création d'Interplay en 1945 et Facsimile en 1946. Pour le New York City Ballet, grand rival de l'American Ballet Theatre, il règle Age of Anxiety (1950), The Cage (1951), Afternoon of a Faun (1953) où il revisite l'œuvre de Debussy transposée dans le cadre d'un studio de danse, puis le désopilant et caricatural The Concert (1956), sur la musique de Chopin. L'année suivante, avec Leonard Bernstein, Robbins imagine une transposition géniale de Roméo et Juliette. Les familles Capulet et Montaigu sont remplacées par les Jets et les Sharks, deux bandes rivales new-yorkaises : la comédie musicale s'appellera West Side Story et sera portée sur le grand écran par Robert Wise en 1961.
Après cela, Robbins se risque à fonder sa propre compagnie, les Ballets USA. La troupe, qui débute au festival des deux mondes à Spolète (Italie) en 1958, présente des œuvres mémorables comme New York Export : Opus Jazz (1958) et Moves (1959), ballet sans musique. Le succès d'une tournée en Europe n'empêche pas la dissolution de la compagnie qui tentera par la suite de renaître de ses cendres. Parallèlement, Jerome Robbins signe quelques prestigieux succès dans le périmètre de Broadway : The King and I (1951), Peter Pan (1954), Funny Girl (1964), Fiddler on the Roof (1964). Il ne délaisse pas non plus le théâtre, le domaine de ses débuts, avec plusieurs mises en scène comme celle de Mère Courage d'après Bertolt Brecht en 1963.
Le grand retour de Robbins vers la danse classique et le New York City Ballet aura lieu en 1969 avec Dances at a Gathering sur des musiques de Chopin. L'année suivante, ce même compositeur lui inspirera In the Night. Deux suites de danse, marquées par un étroit rapport à la musique, deux patchworks impressionnistes où défilent les états d'âme des intervenants dans des ambiances tantôt joyeuses tantôt nostalgiques. Jerome Robbins fait ici la démonstration de son génie à traduire des ambiances musicales, à laisser correspondre les sentiments dans un perpétuel mouvement de rencontres, d'opportunités et de surprises. En 1971, il escalade avec succès un « Himalaya musical », les Variations Goldberg de J.-S. Bach, puis, en 1972, il explore et transpose admirablement la culture japonaise dans Watermill, son œuvre la plus déroutante. En 1977, à travers Others Dances, il retrouve Chopin pour dire une fois encore combien il l'aime et le comprend. Le millésime 1983 est marqué par deux pièces très différentes : Glass Pieces, sur la musique de Philip Glass, et I'm Old Fashioned, en hommage au talent de Fred Astaire. Cette année-là meurt George Balanchine, le fondateur du New York[...]
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Écrit par
- Jean-Claude DIÉNIS : journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Médias
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