MUNDELL ROBERT A. (1932-2021)
Premier Canadien à recevoir le prix Nobel d'économie, Robert Mundell a été distingué le 13 octobre 1999 à la fois pour son « analyse des politiques monétaires et budgétaires sous différents régimes de change » et pour son « analyse des zones monétaires optimales ». Connu pour avoir été l'un des chefs de file, non dogmatique, de l'école de Chicago, Mundell est également considéré comme l'inventeur de la macroéconomie internationale.
Né le 24 octobre 1932 à Kingston dans la province canadienne de l’Ontario, Mundell Alexander effectue des études d'économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston et à la London School of Economics. Longtemps professeur à l'université de Chicago (1966-1971), il rejoint ensuite l'université Stanford (Californie) avant de s'installer à l'université Columbia à New York, où il exerce à partir de 1974.
C'est dans les années 1960 que Mundell se demande si une économie peut rester maîtresse chez elle quand ses frontières sont ouvertes sur le monde. Cette interrogation est partagée par un autre économiste, Marcus Fleming, qui dirige le département de la recherche du FMI, et c'est ensemble que les deux hommes développent le modèle dit de Mundell-Fleming.
Ce modèle propose une formulation d'équilibre général qui introduit le commerce extérieur et les mouvements de capitaux dans le modèle fermé développé à l'origine par John Hicks (Prix Nobel 1972) et connu sous l'expression « modèle IS-LM ». Le modèle de Mundell-Fleming fut reçu comme une « curiosité » à l'époque où presque tous les pays étaient liés par des changes fixes au sein du système de Bretton Woods et où la mobilité des capitaux internationaux était fortement limitée. De plus, rares étaient les économistes qui se préoccupaient de l'efficacité de la politique économique dans un système de changes autre que le système dominant. Mais, observant ce qui s'était passé au Canada pendant les années 1950, lorsque le cours de la monnaie nationale avait flotté par rapport au dollar américain, Mundell en avait tiré la conclusion que les changes flottants donnaient plus d'autonomie à la politique économique, qu'elle soit budgétaire ou monétaire. Cette analyse fit de Mundell un précurseur de ce qu'on appellera à partir des années 1990 le policy mix.
Robert Mundell étudie en effet ces deux grands leviers dont disposent les autorités publiques, la politique budgétaire (par le déficit public) et la politique monétaire (par le maniement des taux d'intérêt), dans une économie ouverte, selon la mobilité des capitaux et le mécanisme de change en vigueur (système de changes fixes ou système de changes flexibles).
Dans un système de changes flexibles, lorsque le taux de change est déterminé par les forces du marché, une augmentation des dépenses publiques entraîne un accroissement de la demande de monnaie qui tend à élever le niveau des taux d'intérêt. Ces derniers provoquent alors une entrée des capitaux dans le pays (d'autant plus importante que la mobilité des capitaux est forte) et une augmentation de la valeur du taux de change. Les exportations, qui se trouvent renchéries par cette hausse, diminuent, ce qui contrarie l'effet expansionniste recherché par l'accroissement des dépenses publiques. En revanche, la politique monétaire devient, dans le même contexte, plus efficace : une baisse des taux d'intérêt consécutive à une augmentation de la masse monétaire favorise une sortie des capitaux, donc une baisse du taux de change qui relance alors la croissance des exportations et la reprise de l'activité économique. Les effets de la politique économique s'inversent dans un système de changes fixes.
On doit aussi à Mundell le fameux « triangle d'incompatibilité », aujourd'hui[...]
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Écrit par
- Françoise PICHON-MAMÈRE : maître de conférences, université Paris-Sorbonne
Classification
Autres références
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