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ADAMS ROBERT (1937- )

Le photographe américain Robert Adams concentre son objectif sur la mutation des paysages du Grand Ouest américain.

Né à Orange (New Jersey) en 1937, Robert Adams grandit dans le Wisconsin, puis dans la banlieue de Denver (Colorado), où il habitera avec sa femme Kerstin après ses études d’anglais en Californie, et avant leur installation définitive à Astoria (Oregon), en 1997. Robert Adams enseigne l’anglais depuis quelques années lorsqu’il commence à pratiquer la photographie au milieu des années 1960. S’il fait ses classes en se plongeant dans la lecture des revues Camera Work et Aperture, il apprend la technique auprès de Myron Wood, photographe qui fit du Colorado son sujet de prédilection. Une influence qui conduira le très sédentaire Robert Adams à se concentrer lui aussi sur son environnement et sur les lieux qu’il connaît intimement, essentiellement le Grand Ouest américain.

Paysages de la modernité

Un des premiers sujets de Robert Adams sera consacré aux cimetières hispaniques qui bordent la frontière sud du Colorado et aux plaines situées à l’est de l’État. Viendront ensuite les lotissements ponctuant le nouveau paysage suburbain façonné par la main de l’homme le long du Front Range (Colorado), dans les séries Eden (1968) et New West (1968-1971). « Beaucoup de gens se demandent, en pointant du doigt d’un air incrédule une rangée de pavillons et de panneaux d’affichage : pourquoi prendre ça en photo ? La question paraît simple, mais elle soulève un problème difficile à résoudre : pourquoi faudrait-il n’ouvrir les yeux que dans des lieux restés vierges, comme les parcs nationaux ? »

Si Robert Adams s’inscrit dans la tradition esthétique documentaire des paysagistes américains du xixe siècle vantant la beauté des grands espaces liés à la conquête de l’Ouest, en cette fin du xxe siècle – par souci de sincérité et parce qu’« il faut regarder la vérité en face » –, il se sent aussi le devoir d’enregistrer les dégradations qu’inflige l’homme à la nature. En 1975, avec Lewis Baltz, Stephen Shore et Bernd et Hilla Becher, il fut parmi les artistes choisis pour l’exposition collective New Topographics : Photographs of a Man-AlteredLandscape, à la George Eastman House de Rochester. Devenue emblématique, cette exposition révéla une rupture dans la conception de la photographie de paysage, les artistes s’éloignant des représentations pittoresques héritées de la peinture pour des approches plus sociologiques ou conceptuelles, montrant notamment les transformations opérées par l’homme.

« Comme beaucoup de photographes, j’ai commencé à prendre des photos par envie d’immortaliser des motifs d’espoir : le mystère et la beauté ineffables du monde. Mais, chemin faisant, mon objectif a aussi enregistré des motifs de désespoir, et je me suis finalement dit qu’eux aussi devaient avoir leur place dans mes images si je voulais que celles-ci soient sincères, et donc utiles », écrit Robert Adams en introduction de l’exposition L’endroit où nous vivons au Jeu de Paume à Paris du 11 février au 18 mai 2014. Une rétrospective qui permet de suivre son singulier parcours photographique, de sa série Les Plaines (1965-1973) à celle intitulée The Pacific (1990-2000) qui s’intéresse aux plages et au fleuve Columbia, pollué par les papeteries et la réserve nucléaire de Hanford. Mentionnons également l’ensemble SummerNights (1976-1982) traversé par une certaine légèreté comme si la nuit seule était propice au silence et à la plénitude, et la série Turning Back (1999-2003), dans laquelle le photographe, très engagé contre la déforestation, met l’accent sur les coupes à blanc infligées aux forêts qu’il saisit comme des champs de bataille.

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